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Love actually,
         2003, 
 
de : Richard  Curtis, 
 
  avec : Emma Thompson, Liam Neeson, Colin Firth, Bill Nighy, Hugh Grant, Laura Linney, Alan Rickman, Billy Bob Thornton, Lucia Moniz,
 
Musique : Craig Armstrong

 
   
À quelques semaines de Noël, un petit nombre de Britanniques jonglent avec le plaisir, la souffrance, l'isolement, le rêve, la gloire, et, bien évidemment, surplombant le tout, l'amour. Il y a là, en particulier, Peter (Chiwetel Ejiofor) qui vient d'épouser la ravissante Juliet (Keira Knightley) ; Bill (Bill Nighi), ancien rocker à succès qui tente un improbable come-back ; Colin Frissell (Kris Marshall), qui ne rêve que de mettre toutes les Américaines dans son lit ; Daniel (Liam Neeson), qui vient de perdre sa femme et se voit élever seul son fils Samuel (Thomas Sangster) ; Jamie Bennett (Colin Firth), qui s'isole dans l'espoir d'écrire son roman ; Sarah (Laura Linney), qui travaille dans la société de Harry (Alan Rickman), et soupire en secret pour le beau Karl (Rodrigo Santoro) ; Karen (Emma Thompson), épouse de Harry, qui voit d'un assez mauvais oeil la secrétaire de son époux, Mia (Heike Makatsch), lui faire les yeux doux... Il y a même un premier Ministre, tout frais nommé, (Hugh Grant), qui se fait draguer par sa secrétaire, l'affriolante et dodue Nathalie (Martine McCutcheon).... 
 
   Après le brillant et jouissif "Quatre mariages, un enterrement" (1994), le cinéma british avait tenté de renouveler sa réussite avec "Coup de foudre à Notting Hill" (1999), hélas beaucoup plus laborieux , et "La femme de mon meilleur ami"(1997), sympathiquement servi par Julia Roberts et Cameron Diaz, toutes deux craquantes. Il poursuit avec cette comédie dramatique, qui aurait pu s'appeler "l'amour dans tous ses états". Durant deux heures, nous suivons avec délectation ces petits instants de grâce, de détresse, de simplicité, de connivence, de timidité, de passion, d'illumination, qui forment la mosaïque de l'amour. Avec tendresse, humour (oscillant entre l'aérien et le crade, façon Bill) , sensibilité, délire parfois (l'inénarrable autant qu'improbable Premier Ministre, qui nous gratifie tout de même d'une délectable remise en place du Président Américain ( Billy Bob Thornton ), poésie souvent, le réalisateur caresse sensuellement cette myriade de personnalités attachantes, touchantes, fragiles ou fanfaronnes, et nous rend subtilement complices de leurs attentes, espoirs, émois. Cette valse à mille temps revisite, l'espace d'un film, l'avalanche de sensations, d'émotions qui par la puissance de l'amour, font battre le cœur de l'humanité depuis qu'elle est sur terre. La pudeur voisine avec l'égrillard, le romantisme avec le sexe, et leur connivence fait merveille. On rit, on pleure, on jubile, on aimerait que cela ne finisse jamais... Malgré l'éclatement en multiples directions, l'intérêt ne s'éparpille jamais, chaque personnage possède une caractérisation précise qui permet de suivre avec aisance ses errements tant extérieurs que psychologiques, et la toile d'araignée, à quelques rarissimes exceptions près, bénéficie d'un équilibre étonnant dans toutes ses ramifications.  
 
   Une distribution exceptionnelle, une mise en scène vivante, colorée, légère, une conception scénaristique originale, des caractères croqués de manière excitante, un enchevêtrement savamment composé de situations diversiformes qui ne se piétinent jamais, et, surtout, de superbes moments de fine émotion, qui resteront longtemps imprimés dans la mémoire : la déclaration d'amour muette (avec cartons écrits) de Mark (Andrew Lincoln) pour Juliet, la femme de son ami Peter ; celle du petit Sam pour l'inaccessible Johanna Anderson (Olivia Olsson) ; celle de Jamie pour la belle Portugaise Aurelia (Lucia Moniz) ; et tant d'autres moins spectaculaires... Tout cela compose une ode merveilleuse et enchanteresse à l'Amour.
   
Bernard Sellier