Lupin, Saison 1, serie de George Kay, commentaire

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Lupin, dans l'ombre d'Arsène,
        Saison 1,          2021 
 
de : George  Kay, Louis  Leterrier..., 
 
avec : Omar Sy, Vincent Londez, Clotilde Hesme, Ludivine Sagnier, Hervé Pierre, Nicole Garcia,  
 
Musique : Mathieu Lamboley


   
Saison 2

    Ne pas lire avant d'avoir vu la série 

   
1995. Babakar Diop (Fargass Assandé) est un réfugié sénégalais devenu chauffeur du richissime Hubert Pellegrini (Hervé Pierre). Un jour, ce dernier voit que le collier de la reine Marie-Antoinette qu'il gardait dans son coffre a été volé. Babakar est accusé. Il signe des aveux et on le retrouve pendu. De nos jours, son fils Assane (Omar Sy) apprend que le collier vient de réapparaître par miracle et qu'il va être mis aux enchères au Louvre. Il entreprend de le dérober...

    Les aventures d'Arsène Lupin, très typées années 1910, ne sont plus très à la mode depuis les incarnations télévisuelles réussies de Georges Descrières dans les années soixante-dix, et la tentative de rajeunissement opérée par Jean-Paul Salomé en 2004, qui s'était révélée fort décevante. Les romans de Maurice Leblanc ont fait le bonheur de ma jeunesse, même si une récente relecture de l'un de ses chef-d'oeuvres, «813» a quelque peu tempéré l'enthousiasme de jadis.

    A priori, voir l'anarchiste romantique Arsène associé à un jeune Sénégalais laisse perplexe. Mais, dès les vingt premières minutes, il est évident que l'esprit inventif du héros, sa gouaille provocatrice, ses entourloupes improbables, ses tours de passe-passe vertigineux, ses déguisements brillants, sont tous là, aussi vivants qu'au premier jour de leur conception par l'auteur. Le scénario construit habilement une relecture des faits d'armes du gentleman cambrioleur, en l'adaptant à la tragique histoire du jeune Assane, persuadé pendant vingt ans que son père est un voleur. La vengeance ne peut bien sûr qu'être au rendez-vous. Ce qui est remarquable, c'est que ce qui aurait pu n'être qu'un clinquant feu de paille limité à l'ouverture de l'histoire, se développe, s'enrichit, s'embellit au fur et à mesure que les épisodes défilent. Les personnages sont admirablement croqués (le commissaire Dumont, le vieux Hubert Pellegrini...), souvent typés (Youssef Guedira, le flic qui voir Lupin partout, Benjamin Ferel, l'ami d'enfance...), passionnés, toujours intensément vivants. Quant à l'intrigue, toujours conduite sur un rythme soutenu, elle sait se faire subtilement émouvante lorsque c'est nécessaire, tout en conservant une inventivité permanente, une modernité intelligente, une originalité soutenue, et une tendresse nostalgique (la transmission familiale d'une passion littéraire hors normes) qui ne cessent d'émerveiller.

    La (très) mauvaise surprise, c'est qu'à ce jour (16 janvier 2021) Netflix ne nous offre que cinq épisodes sur les dix apparemment prévus. La chaîne nous avait déjà fait le coup pour «Designated survivor» si je ne me trompe. Dire que l'attente est insoutenable est une expression faible, d'autant plus que le cliffhanger sur lequel nous sommes abandonnés est vicieusement choisi...

    Cette première partie est une enthousiasmante réussite et une réactivation magistrale du mythique héros créé par Maurice Leblanc.
   
Bernard Sellier