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Maîtresse,
     1975,  
 
de : Barbet-Schroeder, 
 
  avec : Gérard Depardieu, Bulle Ogier, Roland Bertin, André Rouyer, Nathalie Keryan, Serge Berry,
 
Musique : --

  
   
Un jeune provincial, Olivier (Gérard Depardieu), fraichement arrivé à Paris, aide son copain Mario (André Rouyer) à vendre des livres à domicile. Ils arrivent un jour chez une jeune femme, Ariane (Bulle Ogier), et lui viennent en aide pour un petit problème matériel. Ayant appris que la propriétaire de l'appartement du dessous est absente pour plusieurs mois, ils s'introduisent de nuit pour cambrioler les lieux. Quelle n'est pas leur surprise de découvrir que l'espace est en communication avec l'étage supérieur, et qu'Ariane y reçoit des clients fort particuliers... 
 
   Dans son premier film, "More", Barbet Schroeder avait déjà manifesté un goût pour les personnalités déviantes et jusqu'au boutistes. On retrouvera d'ailleurs cette prédilection dans "Jeune femme partagerait appartement". Dans le cas présent, le spectateur se trouve face à une sorte de mixage improbable entre "Les Valseuses" et "Belle de jour". Du premier émanent quelques effluves du vent de liberté qui emportait le trio mémorable créé par Bertrand Blier. Du second émergent de sombres pulsions sexuelles ainsi que des personnalités pour le moins morbides. Malheureusement, l'histoire qui se déroule devant nous est bien loin d'atteindre les niveaux inspirés, exaltés, et/ou symboliques des deux oeuvres précitées. 
 
   Fondamentalement axé sur le couple Bulle Ogier-Gérard Depardieu, le récit offre, certes, un portrait de femme indépendante, libérée, aussi cru que saisissant, mais tout l'enrobage dans lequel évolue Ariane affiche une primarité qui, pour celui qui n'est pas fan de sado-maso, se révèle lassant, répétitif, et, somme toute, peu générateur de progression dramatique. En fait, cette suite de séquences relativement gratinées semble surtout avoir pour justification un désir de bousculer les barrières puritaines qui bloquaient toute création jusqu'au milieu des années 70. De cette passion qui naît entre deux êtres marginaux, nous ne saurons pas grand chose, ni sur ses motivations, ni sur son impact émotionnel. Et, plus encore que les quelques scènes véritablement osées qui parsèment le film, c'est la courte séquence de l'abattage d'un cheval qui enfonce dans la mémoire du spectateur un clou d'horreur viscérale.
   
Bernard Sellier