Maléfique, film de Eric Valette, commentaire

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Maléfique,
      2002, 
 
de : Eric  Valette, 
 
  avec : Gérald Laroche, Philippe Laudenbach, Clovis Cornillac, Didier Bénureau, Dimitri Rataud, Felicia Massoni,
 
Musique : Eric Sampieri


 
Un cachot ordinaire dans une prison française ordinaire. Trois condamnés y cohabitent : Marcus (Clovis Cornillac), "Pâquerette" (Dimitri Rataud) et Lassalle (Philippe Laudenbach). Un nouveau venu arrive. Il s'agit d'un chef d'entreprise magouilleur, Carrère (Gérald Laroche), qui espère bien que sa femme Claire (Félicia Massoni) versera rapidement la caution demandée. Mais les jours passent et Claire demande le divorce, non sans avoir raflé tout l'argent placé à son nom. Les quatre prisonniers découvrent fortuitement un manuscrit ésotérique, composé en 1920 par Danvers (Geoffrey Carey), qui avait réussi à s'évader grâce à des formules de magie noire... 
 
 Difficile de trouver plus minimaliste sur le plan du décor ! Même "The Hole", dont l'histoire se déroule en grande partie dans un "trou", possède une richesse environnementale extraordinaire à côté de celle qui nous est offerte ici. Cet ascétisme total, compensé par une esthétique soignée et une palette de couleurs sépulcrales, n'est cependant pas un handicap, même si le film aurait gagné à se voir écourté d'une quinzaine de minutes. Le sujet est suffisamment original pour que ces unités absolues de lieu, de temps, et même de fond, constituent un écrin valorisant pour cette aventure qui tient à la fois de l'horreur, du fantastique et du psychanalytique. 
 
 Certes, la finesse n'est pas vraiment au rendez-vous. Dés l'ouverture, le spectateur est confronté à du saignant et la suite ne fait pas dans la dentelle. De même, la caractérisation de certains personnages est effectuée à gros traits percutants. Le personnage abruti de Kevin interprété par Clovis Cornillac dans "Mensonges et trahisons...", était d'une rare subtilité comparé au Marcus qu'il campe ici : affublé de deux seins de matrone, il rêve de se faire opérer pour devenir femme, coupe en attendant, un à un, les doigts de son copain Pâquerette, pour que celui-ci s'aère de temps en temps à l'infirmerie, et le fait occasionnellement téter lorsque sa tristesse est trop grande ! C'est du mastoc de chez brut, du taillé à coups de serpe ! A côté de ces deux énergumènes déjantés, Lassalle fait quasiment figure de sage philosophe. 
 
 Globalement, l'intrigue se tient, bien qu'un passage à vide central laisse présager une chute de tension qui, heureusement, ne fait qu'effleurer l'ennui sans y précipiter le spectateur. En revanche, le final, en forme de clin d'oeil, laisse plus que perplexe malgré son intelligence, et casse le huis-clos étouffant de manière malencontreuse. Il est tout de même indispensable de saluer cette entreprise, scénaristiquement insolite, sobrement extravagante et dotée d'effets spéciaux convaincants. Les acteurs sont tous excellents et contribuent grandement à rendre insoutenable l'atmosphère oppressante générée par le confinement dans la cellule, les pathologies individuelles et la descente aux enfers initiée par la découverte du livre.
   
Bernard Sellier