Laura Munar (Ángela Cremonte), professeure de littérature à Majorque, vient de se séparer d'Iván (Miquel Fernández). Elle est invitée à dîner par le père de l'un de ses élèves, Lucas (Óscar Ortuño). Il s'agit d'un chirurgien renommé, Xavier Vera (Javier Rey), veuf depuis quelques années. La soirée se passe à merveille, mais, au matin, la jeune femme, victime d'un trou noir, est sûre d'avoir été violée...
Au bout de dix minutes, l'évidence est là : cette histoire reprend exactement la mécanique originelle de la récente série «Mensonges» dans laquelle brillaient Audrey Fleurot et Arnaud Ducret. Et au fur et à mesure que les évènements défilent, nous n'avons plus simplement affaire à une intrigue au point de départ semblable, mais à une véritable photocopie de l'œuvre réalisée par Lionel Bailliu. L'idée première est que l'une des deux créations est un simple remake et une rapide vérification indique que cette version espagnole, antérieure d'un an à la française, serait donc l'original. Même si le scénario ne manque pas d'intérêt, il est assez étonnant d'avoir l'idée de reproduire un récit à l'identique quelques mois après la sortie d'une première mouture. Mais la surprise ne s'arrête pas là. Alors que l'on pourrait logiquement s'attendre à trouver dans les scénaristes un ou plusieurs noms communs, il n'en est rien. Les deux pages IMDB mentionnent des auteurs complètement différents dans les deux cas, donnant l'impression qu'il s'agit d'histoires totalement originales ! Il y a là un mystère, car il est impossible de contester qu'il y a plagiat de la part d'un des créateurs. Étonnant...
Étant donné que les deux séries se révèlent des clones fidèles, les commentaires de «Mensonges» peuvent être repris presque au mot près. Nous choisirons donc la voie de la facilité en recopiant une partie des lignes écrites il y a quelques mois :
«Il y a deux principales manières d'entamer une série. Celle qui entre dans l'histoire de manière naturelle, comme si la caméra arrivait inopinément dans un ensemble de vies, avec pour conséquence le fait que, les personnages étant inconnus du spectateur, il va falloir à celui-ci un temps d'adaptation plus ou moins long pour comprendre qui est qui et quels sont les enjeux. C'est le choix par exemple du récent «One lane bridge», qui se montre assez nébuleux dans son ouverture. Et puis il y a la manière choisie ici par les scénaristes, que l'on pourrait qualifier de simpliste. C'est-à-dire que les dialogues cherchent à accumuler le plus d'informations possibles sur les protagonistes dans le plus court laps de temps possible. L'avantage est que le spectateur connaît immédiatement avec clarté la situation de chaque individualité, les grandes marques de son passé et sa relation aux autres. L'inconvénient, c'est que, pour obtenir ce résultat, les premiers échanges ne sont pas d'un naturel époustouflant. Mais ce n'est pas trop handicapant dans le cas présent, car, une fois passée cette ouverture informative, la trame dramatique s'installe rapidement et fait oublier aisément l'artificialité des présentations».
«Le drame se divise en deux parties bien distinctes. Dans les deux premiers épisodes, c'est le doute qui est au coeur du récit. Laura est-elle une victime ou une affabulatrice au psychisme dérangé ? Cette thématique aurait pu être développée tout au long de la série. Mais les scénaristes ont effectué un autre choix. Dès le troisième épisode, le spectateur sait à quoi s'en tenir. Dès lors, c'est une intrigue à la «Columbo» qui se développe. Le coupable et sa méthode sont connus. Le but à atteindre est alors de savoir par quel moyen il parviendra à être confondu. On pourrait penser que la tension dramatique et le suspense auraient gagné en intensité si le premier choix avait été adopté. Dans les faits, il n'en est rien. Aucun regret ne vient ternir le pouvoir envoûtant de cette histoire sombrissime».
Il est évident que la surprise ne jouant plus du tout, il est difficile de maintenir sur la durée des six épisodes un intérêt aussi élevé que lors d'une première vision. C'est donc sur la distribution que se joue la qualité d'ensemble. Le quatuor qui nous est proposé ici : Ángela Cremonte, Javier Rey, Manuela Velasco, et Miquel Fernández, qui évoque physiquement José Garcia et se montre très convaincant, ne déméritent pas. La première se montre un peu lisse au début, mais son incarnation se bonifie au fur et à mesure que le drame s'épaissit. Javier Rey, sans doute le plus faible du groupe, est loin d'arborer le même magnétisme puissant et maléfique qu'Arnaud Ducret. Les seconds rôles sont corrects, mais, si mes souvenirs sont justes, ils se montrent moins riches et incisifs que dans la version française. Le dénouement est un peu expédié et quelques raccords (fin de l'épisode 5 et début de l'épisode 6) semblent hasardeux sur le plan de la continuité psychologique.
Assez net avantage à la création de Lionel Bailliu.