Messiah, Saison 1, série de Michael Patroni, commentaire

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Messiah,
     Saison 1,      2020 
 
de : Michael  Petroni..., 
 
avec : Michelle Monaghan, Mehdi Dehbi, John Ortiz, Tomer Sisley, Melinda Page Hamilton, Sayyid El Alami, Wil Traval, Beau Bridges,
 
Musique :  Johnny Klimek, Gabriel Isaac Mounsey

   
   
2019 en Syrie. Les troupes du Califat de Daesch encerclent Damas et comptent envahir la ville. Mais un inconnu apparaît en même temps qu'une violente tempête de sable qui stoppe l'envahisseur. Suivi par plusieurs milliers d'hommes, celui qui se fait simplement appeler 'Le Messie' (Mehdi Dehbi) entreprend une marche dans le désert jusqu'à la frontière israélienne. Il est arrêté et emprisonné. De son côté, la CIA envoie l'un de ses agents, Eva Geller (Michelle Monaghan) à Jérusalem pour tenter de comprendre ce qui se passe... 
 
   Depuis plus d'un siècle, nombre de mouvements de spiritualistes et d'éveillés annoncent le retour d'un Avatar. Que se passerait-il si un tel être apparaissait au vingt-et-unième siècle ? C'est la réponse que tente d'apporter cette première saison. Et c'est un bien faible commentaire que de dire qu'elle le fait avec une vraisemblance, une intensité, une intelligence et surtout une vision mystique hors du commun. Lorsque se clôt le dixième épisode, il est même évident que cette série constitue un véritable choc. Qu'importe le fait qu'il s'agisse d'une fiction. Lorsque celle-ci endosse les formes d'une utopie désirable avec un tel génie prophétique, une semblable élévation spirituelle, une sobriété d'effets magistrale, tout en conservant les codes de la dramaturgie classique, il n'est pas exagéré d'employer le terme de 'miracle'. Avec une économie de moyens exemplaire (nous parlons ici de moyens émotionnels, pas de ceux qui se mesurent en milliers de dollars pour les décors), le récit nous plonge corps et âme sur le chemin du Dharma en explorant les conséquences karmiques de nos actes, les possibilités de rédemption, et, surtout, l'Amour qui unit tous les êtres humains au-delà des croyances, religions et autres dogmes réducteurs ou séparateurs. 
 
   Incarné de manière superlative par un Mehdi Dehbi totalement habité par son rôle, ce 'Messie' devient au fil des épisodes un Etre qui rend visible, reconnaissable, active et profondément vivante l'étincelle christique qui sommeille en chancun de nous. Le parcours qu'il effectue pourrait tout à fait être celui du véritable Avatar, si celui-ci apparaissait aujourd'hui dans le monde. Adoration aveugle et primaire des uns, hostilité, haine violente des autres, scepticisme, sarcasmes, explications construites à partir de nos peurs, de nos limitations, de nos traditions, investigations des services secrets... Tout cela est intégré d'une manière aussi fluide que subtile dans cette épopée conduite d'une manière lente qui épouse totalement l'itinéraire d'un Etre tout à la fois profondément intégré dans le monde et soutenu par une puissance qui nous est, pour l'heure, inaccessible. Il est presque secondaire de souligner la qualité d'écriture qui transforme chaque intervenant du drame (Eva, Jibril, Rebecca, Aviram, Felix...) en une personnalité immédiatement foisonnante, empathique et essentielle. 
 
   En 1965, George Stevens et David Lean ont réalisé un film qui s'intitulait "La plus grande histoire jamais contée". Jésus en était déjà le 'héros'. Sans vouloir se montrer dithyrambique, il ne nous semble pas déplacé d'écrire que cette première saison occupe la place de "plus grande série jamais réalisée". Elle n'offre pas au spectateur les batailles homériques de "Game of thrones", mais elle insuffle en nous un élément infiniment plus important : la reconnaissance de notre propre divinité intérieure. Si l'humanité veut survivre, cela est indispensable. Et c'est, entre autres, une des raisons pour lesquelles cette série est tout simplement indispensable. 
 
   Il est d'ailleurs très intéressant et instructif d'avoir vu cette série juste après "Les deux Papes" de Fernando Meirelles. La comparaison prouve à quel point l'acuité d'une oeuvre et son impact sur l'être profond sont radicalement indépendants de la parole. Le "Messie" que nous voyons ici est avare de mots, et la dialectique lui est étrangère. Pourtant le poids de ses quelques interventions et surtout de ses regards renvoie les longues tirades des deux Pontifes au rang de babillage intellectuel pseudo spirituel...
   
Bernard Sellier