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Les misérables,
       1998, 
 
de : Bille  August, 
 
  avec : Liam Neeson, Uma Thurman, Geoffrey Rush, Claire Danes, Hans Matheson, Jon Kenny,
 
Musique : Basil Poledouris

 
   
1815. Jean Valjean (Liam Neeson) sort du bagne après dix-neuf ans d'incarcération. Il est accueilli par l'évêque de Digne, Mgr Myriel. Mais le lendemain, Valjean est capturé par les gendarmes qui ont trouvé sur lui l'argenterie de l'évêché. Pourtant l'évêque affirme qu'il a donné ces objets au vagabond. Quelques années plus tard, Valjean est devenu le maire très respecté de Montreuil...

    Qui ne connaît pas les grandes lignes du roman de Victor Hugo ? Nos souvenirs de lecture remontent à près d'un demi-siècle, ce qui est handicapant pour apprécier la fidélité du film. Il semble évident que certaines scènes ne respectent pas de manière précise l'écrit du romancier. Mais, contrairement aux aberrations de certaines adaptations du «Comte de Monte Cristo» (celle de Josée Dayan, par exemple, ou surtout la catastrophe de «La vengeance de Monte Cristo», commise par Kevin Reynolds), il n'y a pas ici de contresens flagrant. La trame se déroule sur plusieurs décennies, observant les évolutions intimes de deux personnalités hors du commun. D'une part celle d'un homme fruste qui découvre la bonté et la justice intérieure, et, d'autre part, celle du policier Javert, archétype de l'individu incapable de transcender le respect aveugle des lois humaines par la reconnaissance de l'amour et de la compassion.

   Dans la mesure où l'œuvre respecte les grandes lignes du roman, il est difficile de rater complètement le résultat. Surtout lorsque des figures comme Liam Neeson (qui paraît cependant bien jeune si on le compare à Jean Gabin ou Harry Baur dans le même rôle), Geoffrey Rush, Uma Thurman et Claire Danes sont au rendez-vous. Il est assez surprenant de découvrir la Carrie Mathison de «Homeland» en jeune fille de dix-huit ans, mais elle avait effectivement cet âge au moment du tournage. Il est certes regrettable que la durée du film (125 minutes environ) soit très insuffisante pour développer nombre d'aspects importants de l'histoire, par exemple la révolution de juin 1832, et que beaucoup de personnages soient seulement survolés (Thénardier, Enjolras...), mais le résultat est satisfaisant pour qui souhaite survoler de manière visuelle le long roman de Victor Hugo. Nous ne résistons pas au plaisir d'insérer ici le très émouvant quatrain qui clôt l'oeuvre :

   Il dort. Quoique le sort fût pour lui bien étrange,
   Il vivait. Il mourut quand il n'eut plus son ange ;
   La chose simplement d'elle-même arriva,
   Comme la nuit se fait lorsque le jour s'en va.

   
Bernard Sellier