Un monde plus grand, film de Fabienne Berthaud, commentaire

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Un monde plus grand,
     2019, 
 
de : Fabienne  Berthaud, 
 
  avec : Cécile de France, Ludivine Sagnier, Narantsetseg Dash, Arieh Worthalter, Catherine Salée,
 
Musique : Valentin Hadjadj

 
 
Corine (Cécile de France) a récemment perdu son mari Paul. Elle ne s'en remet pas. Son collègue de travail lui propose de se rendre dans un pays lointain pour la captation de musiques locales qui manquent pour la finalisation de leurs documentaires. Elle choisit la Mongolie... 
 
 Le film s'inspire du parcours de Corine Sombrun, ethnomusicienne, qui, dans plusieurs ouvrages passionnants ( en particulier ' Mon initiation chez les chamanes ', dont est tiré le scénario ), relate sa formation de chamane. Le problème, avec ce genre de réalisation et de concept cinématographique, est récurrent. Il a déjà été rencontré dans "Blueberry" ou "D'autres mondes" ( sur l'ayahuasca) de Jan Kounen. A savoir que la transcription sur grand écran des visions intérieures du sujet, forcément à bases de plans flous, coupés, tremblotants, de jaillissements lumineux, de zébrures en tous genres, etc, laisse obligatoirement le spectateur sur le bas-côté. Il est fondamentalement impossible de transmettre à l'autre le ressenti et le vécu intérieur d'une transe ou d'une expérience mystique. Et ce n'est pas le très beau travail sur le son qui peut changer la donne. 
 
 Alors que reste-t-il au film ? Franchement, pas grand chose de palpitant. Un parcours dépressif en France, un refus classique, dans un premier temps, de ces supposés pouvoirs, une incompréhension absolue de la part des proches, en l'occurrence Louise (Ludivine Sagnier), soeur inquiète de Corine. Et, sur le terrain, quelques corvées quotidiennes banales (la traite des yaks, l'approvisionnement en eau...), parcours obligatoire dans toutes les initiations ( le 'seva' dans les ashrams ), mais pas forcément palpitant pour le spectateur. Le tout sur fond d'espaces mongols grandioses, dans lesquels les troupeaux de chevaux courent dans la plus totale liberté. Cécile de France se montre convaincante dans son rôle, mais l'oeuvre se révèle globalement bien superficielle, même si elle a le mérite de faire connaître le chamanisme. C'est donc avec une certaine surprise que nous avons entendu les spectateurs ( du cinéma 'Les Arcades' à Cannes ) applaudir à la fin de la séance...
   
Bernard Sellier