La mort dans la peau, film de Paul Greengrass, commentaire

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La mort dans la peau,
     (The Bourne Supremacy),       2004, 
 
de : Paul  Greengrass, 
 
  avec : Matt Damon, Franka Potente, Brian Cox, Julia Stiles, Karl Urban, Joan Allen,
 
Musique : John Powell

   
 
Jason Bourne (Matt Damon), file (pour quelques secondes encore !), des jours heureux à Goa, en Inde, avec sa compagne Marie (Franka Potente). Enfin, presque heureux, puisqu'il est périodiquement sujet à de violentes migraines et à des flashes traumatisants dont il prend note consciencieusement. Pendant ce temps, à Berlin, la CIA compte récupérer un dossier top secret concernant la mort mystérieuse, quelques années plus tôt, d'un richissime russe, Neski. Malheureusement, l'agent occidental et son informateur sont assassinés. Et, comble de malchance, l'empreinte de Jason est relevée sur les lieux. Il devient donc l'ennemi public numéro 1 et se voit activement recherché par Pamela Landy (Joan Allen), en charge du dossier. Mais il est également la cible d'un tueur mystérieux à la solde d'un magnat russe du pétrole... 
 
  Ouf... Ce n'est que le début ! Après sa quête d'identité, passionnante, qui faisait le prix de l'épisode précédent, "La mémoire dans la peau", Jason reprend donc du service, si l'on peut dire, puisque le malheureux ne souhaite que la paix et que de vilains pas beaux lui font moult misères. Et, le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il ne chômera pas durant ces cent minutes !  
 
  S'agissait-il d'un jour "sans", toujours est-il que cette suite m'a surtout interpellé sur le plan des records à battre. Ils sont d'ailleurs nombreux, et chacun pourra juger, en fonction de ses connaissances filmiques, s'ils sont battus ici ou non : 
 
  * Celui du nombre de plans. Si l'on excepte quelques minutes au début et à la fin, pas un ne doit excéder cinq secondes, la moyenne générale devant avoisiner la demi-seconde. Le temps d'apercevoir un bout de tôle ou un pneu. 
 
  * Celui du rapport : nombre de lieux / minutes de film. Là aussi, c'est assez impressionnant : dans les 15 premières minutes, on passe successivement à Goa, Berlin, en Virginie, à Londres, à Naples, à Amsterdam, à Munich (j'en oublie peut-être un ou deux...). 
 
  * Celui de la poursuite la plus "speedée" des 4367 qui ont précédé. Là, ce sera dur, mais pourquoi pas ! Il faut dire que les séquences ont été probablement tronçonnées par un parkinsonien, ce qui fait que l'on n'a pas le loisir de distinguer beaucoup d'éléments. Il est impératif que l'œil humain évolue rapidement, car, au rythme où vont les réalisateurs, on ne percevra bientôt plus rien du tout ! 
 
  * Celui de l'agitation frénétique. Il ne doit pas en être bien loin (du record). Même le délirant "XXX" savait ménager, dans la seconde moitié, quelques oasis de calme. 
 
 Une autre question s'est posée à ma réflexion, un peu dérangée par tant de fureur : était-il vraiment indispensable de pondre une suite à l'intrigue aussi convenue ? J'ai eu l'impression d'avoir visualisé cent fois cette histoire de coup monté qui sent le réchauffé micro-onde à plein nez ? La réponse est sans doute : "oui", puisque nombre de commentaires ont été élogieux. Peut-être n'ai-je pas perçu toutes les finesses de l'histoire. Décidément, l'âge doit y être pour quelque chose...  
 
 Certains y ont vu un intérêt porté au récit et aux personnages. Il est vrai que le seul point positif, la seule note humaine dans ce charivari permanent, réside dans la confrontation, à distance, Jason-Pamela. Matt Damon, qui affiche une apparence "monsieur tout le monde" sympathique, apporte un peu de chaleur humaine à cette grosse machinerie bruyante. Pour ce qui est du moins enthousiasmant, la manie des gros plans, la musique assourdissante qui souligne lourdement chacune des nombreuses scènes haletantes, les raccourcis scénaristiques parfois proches du ridicule ou du bâclé, achèvent de rendre cette oeuvre saoulante et oubliable dès que le mot fin est apparu.
   
Bernard Sellier