MR 73, film de Olivier Marchal, commentaire

  Bienvenue sur le site d'un manipulateur de mots, passionné d'écriture, de cinéma, de musique, d'ésotérisme...     

MR 73,
     2008, 
 
de : Olivier  Marchal, 
 
  avec : Daniel Auteuil, Olivia Bonamy, Catherine Marchal, Francis Renaud, Philippe Nahon, Jean-Paul Zehnacker, G. Laroche,
 
Musique : Bruno Coulais

   
   
Schneider Daniel Auteuil) est un flic marseillais devenu une épave à la suite d'un mystérieux drame survenu quelques années auparavant. Il se saoule à longueur de journées, et, occasionnellement, détourne les autobus lorsqu'il désire changer de destination. Eu égard à ses services antérieurs, il n'est pas radié, mais seulement déplacé de la crim. au service des plaintes nocturnes. Néanmoins, il s'intéresse à l'assassinat d'une femme richissime qui vivait à Cassis.  
 
   L'atmosphère de "36, quai des Orfèvres" n'était pas spécialement enjouée, mais ici Olivier Marchal n'y va pas avec le dos de la cuiller et frappe décidément très fort. A côté de Schneider, qui descend les bouteilles de whisky avec constance et se déplace comme un vieillard octogénaire, le Martin Riggs, dépressif et suicidaire de "L'arme fatale" ressemble à un joyeux drille ! C'est d'ailleurs tout le film qui baigne dans une noirceur crépusculaire, aussi bien dans les faits que dans la galerie des personnages qui semblent tout droit sortis de gouffres infernaux. Pluies diluviennes, décors sordides, meurtres barbares, désespoirs en rafales, il n'y a pas un éclair de lumière qui parvienne à s'insérer dans un monde cloaqueux où criminels, tout aussi bien que flics, d'ailleurs, sont des brutes, des lâches, des vendus, des impuissants, ou des tarés. Le point commun entre tous ces êtres est qu'ils se montrent désespérément incapables de (re)prendre la maîtrise de leur vie. Ils se vautrent dans la fange avec une obstination qui finit par paraître suspecte. L'excès dans lequel semble se complaire le réalisateur finit par décridibiliser cette suite de tragédies qui, prises individuellement, séparées les unes des autres, susciteraient une compassion évidente. Mais trop, c'est trop, et même si quelques fugaces moments sont sobrement poignants (en particulier lorsqu'intervient la touchante Justine d'Olivia Bonamy), même si le film se clôt sur une poussée de vie, ce n'est pas cette fragile étincelle que l'on retiendra, mais un maëlstrom de noirceurs à l'hypertrophie débridée.
   
Bernard Sellier