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Mr. Wolff,
      (The accountant),      2016,  
 
de : Gavin  O'Connor, 
 
  avec : Ben Affleck, Anna Kendrick, J.K.Simmons, Jon Bernthal, John Lithgow, Jean Smart, Jeffrey Tambor,
 
Musique : Mark Isham


   
Christian Wolff (Ben Affleck) est comptable. Mais un comptable peu ordinaire, puisqu'il travaille pour de nombreuses organisations mafieuses. Il accepte un jour de travailler pour une entreprise de robotique dirigée par Lamar Blackburn (John Lithgow), la comptable Dana Cummings (Anna Kendrick) ayant découvert un gros détournement de fonds... 
 
   Dans un univers de super héros le plus souvent plongés au coeur de réglements de compte primaires, style "Jack Reacher", le film de Gavin O'Connor fait un peu figure d'ovni. Car, non seulement Mr. Wolff n'est pas un comptable ordinaire puisqu'il est simultanément autiste et génie des mathématiques, mais encore le scénario se montre particulièrement fouillé et opaque. Au point qu'il faut attendre une bonne heure pour que les composantes commencent à s'éclaircir un peu. Le scénario mêle flashback sur l'enfance atypique de Christian et de son frère, longues plages explicatives, et fulgurances visuelles mais surtout auditives, qui menacent dangereusement le lustre du salon ! L'intrigue en elle-même n'est pas des plus originales. C'est plutôt son habillage qui surprend dans le ronronnement traditionnel des blockbusters américains. 
 
   La surprise est-elle positive ? C'est une bonne question. La complexité et l'originalité peuvent être les bienvenues, sous réserve que certaines conditions sont remplies. La première est que toutes les pièces placées de manière aléatoire au cours du récit composent au final un puzzle signifiant. Même si quelques scènes demeurent obscures dans la mémoire du spectateur, il est possible de considérer que le contrat est rempli. Sans doute une seconde vision éclaircirait-elle les points nébuleux. La seconde condition réside dans l'acceptation de ce personnage pour le moins pittoresque. Dans ce registre, la réussite semble beaucoup plus contestable. Combiner dans une même personnalité un "Rain man" et un "Jack Reacher" demande une bonne dose de génie. Ben Affleck n'a jamais été un modèle d'expressivité. Ce qui, en soi, pourrait être une bonne qualité pour incarner un autiste, intérieurement rigide et enfermé dans une misanthropie assumée. Autant Benjamin Lavernhe composait, de manière étonnamment crédible, un être atteint du syndrome d'Asperger dans "Le goût des merveilles", autant le réalisateur-acteur d'"Argo" paraît ici bien peu authentique. Davantage en tout cas dans le registre de la castagne que dans celui du génie emmuré dans son monde intérieur. Sans compter que la mystérieuse transformation de l'enfant malade et surdoué en un employé de multiples groupes mafieux doublé d'un tueur redoutable ressemble beaucoup plus à une habile trouvaille scénaristique qu'à une évolution psychologique vraisemblable.
   
Bernard Sellier