Perdrix, film de Erwan Le Duc, commentaire

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Perdrix,
       2019,  
 
de : Erwan  Le Duc, 
 
  avec : Maud Wyler, Swann Arlaud, Fanny Ardant, Nicolas Maury, Patience Munchenbach, Alexandre Steiger,
 
Musique : Julie Roué

   
   
Juliette Webb (Maud Wyler) arrive un jour en voiture dans les Vosges. Elle se fait voler sa voiture par une naturiste. A la gendarmerie, où elle se rend pour déclarer le vol, elle fait connaissance du capitaine Pierre Perdrix (Swann Arlaud). Le premier contact est froid... 
 
   Le pitch du film tient sur un timbre poste. Elle est une jeune femme indépendante, directe, sans racines. Il est engoncé dans une famille pathologique. Malgré ces différences fondamentales, bien sûr... On devine immédiatement la suite. Etant donné la basicité du thème, il est évident que le scénariste-réalisateur ve devoir trouver un ou plusieurs moyens d'enrober ce minimalisme de manière à tenir sur quatre-vingt dix minutes, et, surtout, captiver un minimum le spectateur. 
 
   Erwan Le Duc a choisi le décalage et la recherche d'originalité à tout crin. Ce qui peut évoquer, au début tout au moins, les outrances du jouissif "Le plaisir de chanter", ou, dans une moindre mesure, "Ma Loute". Les "terroristes" de ce coin paumé des Vosges sont d'improbables naturistes. La brigade de gendarmerie est composée d'un ramassis de débiles profonds ( bonjour la vision qui a dû réjouir les intéressés ! ). Quant à la famille de Pierre, composée d'une mère, Thérèse (Fanny Ardant), conseillère en amour sur les ondes d'une radio que personne n'écoute, et d'un frère neu neu, Julien (Nicolas Maury), elle tutoie le pathologique débridé. Pierre est d'ailleurs à l'unisson de cette uniformité pitoyable, puisqu'il végète complaisamment dans le marasme ambiant. Pour parfaire le tableau, n'oublions pas une reconstitution calamiteuse que des obsédés primaires effectuent chaque année pour évoquer on ne sait quel combat local. 
 
   En fait, malgré tous ces ingrédients qui se veulent jouissif, ou tout au moins excentriques, la truculence s'essouffle assez vite. Les naturistes ne sont là que pour la figuration. Ce qui intéresse le réalisateur est manifestement la relation entre les deux personnages que tout sépare. Et, dans ce domaine où la poésie s'invite au milieu des pathologies de chacun, les deux acteurs réussissent à tenir un cap difficile. Hypersensibilité de Pierre contre fausse désinvolture de Juliette, indépendance outrée de celle-ci contre conformisme douillet du flic, toutes ces oppositions se résolvent au bout du compte dans une commune soif de libertés physique et psychique. Malgré un creux en cours de route, et quelques longueurs, le film imprime finalement sa marque personnelle, futile mais plaisante.
   
Bernard Sellier