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Les petits mouchoirs,
     2010, 
 
de : Guillaume  Canet, 
 
  avec : François Cluzet, Marion Cotillard, Jean Dujardin, Gilles Lellouche, Benoît Magimel, Anne Marivin, Pascale Arbillot, Laurent Lafitte,
Valérie Bonneton, Louise Monot,

 
Musique : divers...

  
   
Ludo (Jean Dujardin) a un grave accident de la circulation au sortir d'une discothèque. Les amis avec lesquels il part en vacances depuis plusieurs années, Max Cantara (François Cluzet), Vincent Ribaud (Benoît Magimel), Marie (Marion Cotillard), Eric (Gilles Lellouche), décident de se rendre tout de même au Cap Ferret, quitte à y rester moins longtemps que prévu. Mais la veille du départ, une conversation intime entre Max et Vincent perturbe également l'harmonie du groupe... 
 
   Des copains apparemment inséparables qui se retrouvent périodiquement dans leur maison de villégiature, un séducteur qui se fait larguer par sa compagne, un homosexuel pas très à l'aise dans ses baskets... Tout cela ne vous rappelle rien ? "Nous irons tous au paradis", bien sûr, la sympathique suite de "Un éléphant, ça trompe énormément". Sans parler de la série "Le coeur des hommes", et autres films de "copains". Quels sont les apports novateurs de Guillaume Canet, à la fois auteur et réalisateur, dans cette nouvelle saga ? A vrai dire, il est assez difficile d'en découvrir. Les soubresauts dans les relations, les jalousies, les désespoirs sentimentaux, sont et seront toujours d'actualité. Seuls changent les visages et la manière dont la narration agence ces rapports humains souvent conflictuels. La première demi-heure de l'histoire laisse d'ailleurs planer un doute certain sur la crédibilité générale. Les prises de bec se révèlent tellement systématiques que le spectateur se demande légitimement comment tous ces personnages peuvent être amis depuis quinze ans, passer toutes leurs vacances scotchés les uns aux autres, à moins de cultiver le masochisme avec constance ou délectation. Mais, finalement, on oublie assez vite cet aspect un tantinet artificiel, pour suivre les émois et les souffrances de ce groupe d'adultes-adolescents tous plus ou moins perturbés. L'humour est souvent présent, le rire également, mais ils sont toujours sous-tendus par une gravité latente. Le final manifeste, à ce titre, un aspect émotionnellement boursouflé, qui détonne assez désagréablement avec la tenue générale de l'oeuvre. Il est également regrettable que la bande-son, manifestement programmée pour "faire moderne et djeun", soit souvent en décalage avec le contenu visuel et narratif qu'elle accompagne. 
 
   Au bout du compte, bien plus que le récit en lui-même, très classique et bien étiré en regard du peu de progression psychologique des personnalités, ce sont les acteurs qui font battre le coeur du spectateur et impriment leurs marques dans sa mémoire. A ce titre, la sensibilité à fleur de peau de Benoît Magimel et la souffrance contenue de la délicieuse Marion Cotillard sont des perles inoubliables. 
 
   P.S. Un détail amusant et intéresant : l'épouse de Max, Véronique (Valérie Bonneton), adepte du bio et de la "zen attitude", a pour livre de chevet le méconnu mais très enrichissant "Quatre accords Toltèques", qui peuvent apparemment être téléchargés sur certains sites...

    Revu récemment (09/2020), le film montre ses limites avec des scènes exagérément étirées, et surtout un remplissage musical, souvent envahissant et parfois même insupportable, destiné à combler le vide de nombreuses scènes. Une étoile de moins par rapport à la première vision.
   
Bernard Sellier