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La plateforme,
       (El hoyo),        2019, 
 
de : Galder  Gaztelu-Urruti, 
 
  avec : Ivan Massagué, Zorion Eguileor, Antonia San Juan, Emilio Buale,  
 
Musique : Aránzazu Calleja

   
   
Ne pas lire avant d'avoir vu le film... 

   Un homme, Goreng (Ivan Massagué) se réveille dans une étrange cellule avec un codétenu, Trimagasi (Zorion Eguileor). Ils sont au niveau 48 et reçoivent de la nourriture par une plateforme qui s'arrête deux minutes avant de descendre au niveau inférieur... 
 
   Le concept ne manque pas d'intriguer. Par sa conception physique tout d'abord, qui innove par rapport au simplisme d'un "Saw". Combien y a-t-il de niveaux ? Sans doute 250 apprendrons-nous dans le cours de l'aventure. Dans un premier temps, quelques plans semblent donner un début d'explication à cette création pour le moins insolite. Parce qu'un simple calcul nous indique que deux cents cinquante niveaux d'environ quatre mètres chacun, ça fait tout de même un kilomètre d'altitude. C'est beaucoup pour une prison... Bien sûr, notre ami Goreng va tenter de trouver une solution. Pas tellement pour se sortir du guépier, puisqu'apparemment chacun est enfermé pour une période donnée, mais pour permettre à chacun de manger à sa faim. Parce qu'il est évident que lorsque la plateforme chargée de victuailles parvient au soixantième niveau, il ne reste plus grand chose à se mettre sous la dent. Ne parlons pas du dernier étage. C'est ici qu'intervient le symbolisme de l'histoire. Heureusement, d'ailleurs, car du point de vue purement réaliste, le spectateur aurait un peu de mal à se satisfaire de cette création tout sauf vraisemblable. 
 
   L'homme est "un loup pour l'homme", affirme le dicton. C'est manifeste ici, puisque les occupants des premiers étages se goinfrent et ne laissent que des miettes aux suivants. Comme dans ce monde irréel l'organisation est 'bien faite', un changement aléatoire d'étage s'opère tous les mois. Ceux du 3ème étage peuvent se retrouver au 195ème ! D'accord. Mais où le scénario veut-il en venir ? Car c'est bien beau de créer un concept innovant, insolite, et, cela va de soi, sauvagement gore, mais le spectateur peut tout de même espérer qu'il sorte quelque chose de cet objet curieux qui parvient à éviter une répétitivité menaçante, mais nécessite de déboucher sur une sortie crédible. On peut en effet s'inquiéter du dénouement qui nous attend, étant donné l'artificialité de la création. 
 
   Eh bien les scénaristes ont résolu le problème et trouvé la solution adéquate. Comment ? De la manière la plus simple. En n'en donnant aucune ! Pas de souci de crédibilité, pas de questionnements sur la logique finale. Le spectateur demeure sur sa faim (c'est le cas de le dire !), et il peut considérer à juste titre que le réalisateur, à l'instar de ceux du "Projet Blair Witch", s'est bien foutu de sa gueule. Car c'est tout de même plus que facile de fournir un concept original, en l'occurrence quasi aberrant, et de laisser le spectateur en plan avec un tas d'éléments qui ne débouchent que sur du vide. Mais au moins, ici, nous n'avons pas une caméra qui tremblote en permanence, c'est déjà ça de gagné...
   
Bernard Sellier