Respirer, série de Martin Gero, commentaire

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Respirer,
      (Keep breathing),     Série,     2022, 
 
de : Martin  Gero, 
 
  avec : Melissa Barrera, Jeff Wilbusch, Florencia Lozano, Juan Pablo Espinosa, Austin Stowell , Mike Dopud,
 
Musique : Blake Neely


   
Ne pas lire avant d'avoir vu la série

  
Olivia Rivera (Melissa Barrera), jeune avocate, doit se rendre d'urgence à Inuvik, une petite ville reculée du Canada. Le vol prévu étant annulé, elle demande à deux jeunes hommes, George (Mike Dupod) et Sam (Austin Stowell) de l'emmener avec eux dans le Cessna qu'ils ont loué. Ils acceptent, mais l'avion se crashe dans un lac. Sam est gravement blessé, George est mort, et la jeune femme se retrouve seule au milieu de nulle part...

  L'ouverture de l'histoire est plutôt bien négociée, avec un crash qui paraît plus crédible que celui du récent «Mayday», pourtant réalisé par le solide faiseur qu'est Jean-François Richet. Pourtant, cette courte série (six épisodes eux-mêmes de durée limitée à 35 minutes environ), laisse perplexe. Losque l'intrigue commence à s'éclairer, une voie semble privilégiée, puisque la jeune femme découvre que les deux hommes qui l'ont prise à leur bord sont des trafiquants d'oxycodone. Le spectateur a donc l'impression que l'histoire s'oriente vers un développement policier, étant donné que les commanditaires vont s'inquiéter de la disparition du fric et de la cargaison. En fait, pas du tout. Durant plusieurs épisodes, c'est un manuel de survie qui nous est présenté, évoquant le «Seul au monde» de Robert Zemeckis, ou le captivant «Convoi sauvage» de Richard Sarafian. Nous avons donc droit à : Olivia fait du feu, Olivia fabrique une boussole, Olivia cherche de la nourriture, Olivia désinfecte son eau... Ce n'est pas inintéressant, mais ce n'est pas non plus très enthousiasmant, et c'est surtout longuet.  En fait, se développe progressivement le véritable sujet du drame, en l'occurrence la quête d'une jeune femme abandonnée étant enfant par une mère à la masse, entièrement centrée sur le plaisir trouvé dans la danse, la peinture et ne non attachement. Un traumatisme qui a été compensé par une muraille protectrice qu'Olivia a construite autour d'elle, éloignant tous ceux qui, comme son collègue et amant Danny (Jeff Wilbusch), tentent de l'apprivoiser. Cette exploration intime, fondée sur le choix entre persévérance et renoncement, se montre par moments assez touchante. Malheureusement deux handicaps majeurs ternissent les intentions des créateurs. Tout d'abord un déficit d'éléments suffisamment accrocheurs pour maintenir une tension efficace. Se perdre dans les bois ou tomber dans une crevasse est plus que léger, même pour une mini-série de durée restreinte. Mais surtout, le récit est gravement desservi par une avalanche de flashbacks qui prennent une place de plus en plus envahissante, tout en étant, pour une grande partie d'entre eux, dispensables et primaires. Olivia voit la lune à travers les arbres, on a droit à la lune qu'Olivia enfant voyait jadis sur son plafond ; il pleut sur la forêt, il pleuvait autrefois ; Olivia boit l'eau du lac, on a droit à sa vision dans un bar, naguère... Le procédé devient vite agaçant, et dessert l'intensité dramatique en morcelant à outrance le récit, en raison des retours en arrière explicatifs. Le dénouement est d'autre part expédié de façon assez banale. 

 Un bilan très mitigé.
   
Bernard Sellier