Seul au monde, film de Robert Zemeckis, commentaire

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Seul au monde,
      (Cast away),     2000,  
 
de : Robert  Zemeckis, 
 
  avec : Tom Hanks, Helen Hunt, Nick Searcy, Anne Bellamy,
 
Musique : Alan Silvestri

  
   
Chuck Noland (Tom Hanks) travaille pour une société de transports internationaux : FedEx. Quelques mots résument son tempérament : vaincre le temps, aller toujours plus vite. À peine rentré d'une mission en Russie, il est appelé d'urgence en Malaisie. Il quitte précipitemment sa compagne, Kelly Frears (Helen Hunt), non sans lui avoir donné, au dernier moment, une bague de fiançailles. Par malheur, l'avion sombre en plein Pacifique après avoir dévié de sa route, et sans avoir pu communiquer sa nouvelle position. Chuck, seul survivant, atterrit sur une île déserte. Il y survivra tant bien que mal mille cinq cents jours... 
 
   Voilà un sujet bien connu, depuis le Robinson de Daniel Defoe, qu'on ne peut pas vraiment qualifier de "porteur", à notre époque de "Matrix" et "Daredevil", et dans lequel, d'autre part, il est assez difficile d'introduire de grandes nouveautés ! Il ne se prête ni aux débordements d'agitation, ni aux trucages numériques, ni à une débauche de personnages truculents... Robert Zemeckis se tire fort honnêtement de l'entreprise, grâce à Tom Hanks, bien sûr, qui passe, avec habileté, de manière convaincante, aussi bien physiquement que psychologiquement, par les trois phases obligées : la vie quotidienne stressante, la solitude absolue, la réintégration dans le monde. Mais réussite également grâce au traitement de ces séquences balisées.  
 
   Deux sont relativement aisées à exploiter. La première, passage obligé de toutes les oeuvres où s'ébattent les jeunes loups de la réussite capitaliste américaine, est classique, emplie de bruit, de rencontres fugitives, de rythme effréné. Dans la seconde, le réalisateur parvient à procurer une véritable sensation de durée et d'isolement, de détresse intérieure, à partir de menus riens qui constituent, pour Chuck, le centre de sa survie. Zemeckis a l'intelligence de ne pas morceler ce long épisode par l'irruption de scènes extérieures. Il aurait été effectivement maladroit de couper cette autarcie par des digressions américaines.  
 
   Le troisième tiers était sans doute le plus difficile à réussir. En effet, le danger y était grand de tomber dans l'artificiel ou le larmoyant manipulateur. Ce n'est heureusement pas le cas. La seule réserve, secondaire, que l'on pourrait émettre, concerne le retour bien rapide à la "normalité" exitentielle pour un homme qui paraissait, à juste titre, au bord de la folie. 
 
   A coup sûr, ce n'est pas le genre de film que l'on visionne par plaisir tous les mois. Cela n'enlève rien à ses qualités narratives et interprétatives. Tom Hanks se montre, à son habitude, toujours profondément habité par les personnages qu'il incarne.
   
Bernard Sellier