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Rêver plus haut,
      (The walk),      2015, 
 
de : Robert  Zemeckis, 
 
  avec : CJoseph Gordon-Levitt, Ben Kingsley, Clément Sibony, Charlotte Le Bon, James Badge Dale, Steve Valentine,
 
Musique : Alan Silvestri


   
Philippe Petit (Joseph Gordon-Levitt) rêve depuis son enfance de cirque, de jongleries, de funambulisme. Lorsqu'un jour, chez le dentiste, il découvre la photo des Twin Towers à New York, son but ultime devient limpide. Il parcourra l'espace entre les deux buildings sur un cable... 
 
   Chacun le sait, le film retrace, de manière sans doute plus ou moins romancée, l'exploit exceptionnel de l'équilibriste français Philippe Petit, qui, le 7 août 1974, traversa sur un câble l'espace séparant les deux tours jumelles de New York, alors en voie d'achèvement. Il n'y a donc aucun suspense réel dans l'oeuvre de Robert Zemeckis. L'issue de cette folle traversée est connue. Et pourtant... Y a-t-il beaucoup de films inspirés de faits réels avérés, dépourvus du moindre coup de théâtre, susceptibles de mêler à ce point des ouragans de frissons d'excitation et des bouffées d'angoisses qui tordent les entrailles des spectateurs ? Surtout, bien sûr, de ceux qui, comme Jean-Louis, l'un des complices de Philippe, éprouvent un vertige irrépressible dès qu'ils montent sur un tabouret. A chaque seconde de cette expérience extrême, le mental ressasse cent fois la même question : comment cela est-il réalisable ? S'il s'agissait d'une fiction, nombre d'entre nous crieraient à l'artifice. Mais là, impossible de nier l'évidence. Une fois le spectacle digéré, il est facile de s'interroger sur le bien-fondé des choix narratifs du réalisateur. L'ouverture du film, dans un Paris de carte postale, n'est pas sans évoquer, visuellement, le style du "Fabuleux destin d'Amélie Poulain". Si l'on en croit la première réalisation de Joseph Gordon-Levitt ("Don Jon"), ainsi que le personnage atypique qu'il y incarne, l'acteur est attiré par les rôles de tempéraments hors du commun. Il est ici particulièrement dans son élément, puisqu'il entre dans la peau d'un homme qui rêve une folie à la limite de la mort, tout en manifestant un appétit de vivre insatiable. Le récit de son exploit est exposé par lui-même, juché sur la statue de la Liberté, symbole assez élémentaire de sa soif inextinguible d'affranchissement, que ce soit des lois humaines ou des lois de la pesanteur. Quelles que soient les réserves artistiques que l'un ou l'autre peut émettre sur l'œuvre, il n'en demeure pas moins que celle-ci ne peut que générer chez le spectateur des ouragans d'enthousiasme et un envoûtement instinctif pour celui qui s'est montrer capable d'aller avec succès au bout de son délire...
   
Bernard Sellier