Julius Cesar (Ciaran Hinds) a vaincu Vercingetorix à Alesia. Couvert d'argent et de gloire, adulé du peuple, il devient une menace pour les Patriciens de Rome. Le Sénateur Caton demande même à Pompée (Kenneth Cranham) de traduire César en justice. Mais celui-ci se déclare toujours l'ami du conquérant. Tandis que les jalousies et les calculs politiciens occupent le Sénat romain, les Aigles de César sont dérobés. Le Centurion Lucius Vorenus (Kevin McKidd) et un légionnaire ivrogne, Titus Pullo (Ray Stevenson), sont chargés de retrouver l'emblême, dont la perte nuit à la gloire de César. Les deux hommes ne tardent pas à retrouver l'objet, ainsi que le jeune Octave (Max Pirkis), qui avait été fait prisonnier par les voleurs, alors qu'il apportait de Rome un cheval blanc en cadeau à César...
Des moyens manifestement importants. Une vraisemblance et une crudité qui ne sont pas monnaie courante dans les séries télévisées. Une absence de têtes d'affiches qui rend l'entreprise d'autant plus crédible... Les aspects positifs sont loin d'être négligeables. Pourtant le premier épisode peine à enthousiasmer. Assez touffue, peuplée d'une multitude de personnages que l'on a du mal à distinguer les uns des autres, et qui, en 45 minutes, n'ont pas beaucoup de place pour exister et installer leurs propriétés, noyée dans les parentés à tiroirs multiples qui font que l'on ne sait plus très bien qui est parent de qui, dotée de raccourcis scénaristiques excessifs et de sauts incessants dans l'espace et le temps, la trame se révèle moyennement intéressante.
Les épisodes suivants ne changent pas beaucoup la donne. S'il est passionnant d'assister, sans la protection d'un vernis adoucissant, à la vie quotidienne des Romains, à la brutalité de leurs attitudes, à la verdeur de leurs échanges verbaux, il est en revanche plus laborieux de s'impliquer dans le contenu dramatique des épisodes. Contrairement à "24 Heures", par exemple, dont chaque portion de 40 minutes résulte simplement d'un découpage virtuel, qui n'entrave en rien la stabilité de l'oeuvre globale, les concepteurs de Rome donnent l'impression, sinon de vouloir rendre chaque parcelle indépendante de ses voisines (il y a bel et bien une continuité de l'histoire), tout au moins de lui octroyer une individualité propre. Cela se fait au détriment de l'assise dramatique générale, procurant à chaque épisode un air de mini-film, dont la limitation temporelle nécessite divers artifices réducteurs : simplification des rapports humains, allers et retours supersoniques (les messagers passent en une seconde de Rome au camp de César), qui nuisent à la profondeur de l'ensemble, découpent en bouffées ponctuelles un souffle épique que l'on aurait souhaité constamment progressif.
Quant aux deux "héros" de la série, fils conducteurs dans cette découverte de la vénéneuse Rome impériale, elle appelle également quelques réserves. S'il est bénéfique que leurs personnalités soient complexes, bien éloignées d'une blancheur immaculée façon Monsieur Propre, il n'en demeure pas moins que l'intérêt qu'ils suscitent est parfois limité. Il faut attendre la seconde moitié de l'histoire, pour que la sympathie commence à se développer. Sans doute plusieurs raisons à cela. Tout d'abord, l'implication dans un univers datant de deux mille ans n'est pas immédiatement praticable. Ensuite, le choix des deux acteurs n'est peut-être pas le plus idéal qui soit. C'est dommage, car, en ce qui concerne nombre d'autres protagonistes, le doute n'existe pas, que ce soit l'impérial César (Ciaran Hinds), l'ambigu Marc-Antoine (James Purefoy), la vénéneuse Atia (Polly Walker), ou le tortueux Pompée. Mais je pense que c'est surtout la manière dont sont amenés les événements et troubles internes qui provoque, n'allons pas jusqu'à dire un désintérêt, mais tout de même une certaine indifférence face à nombre de péripéties pourtant émouvantes sur le papier.
La valeur exceptionnelle de nombreuses séries nouvelles rend le spectateur de plus en plus exigeant. Car il faut reconnaître que "Rome" est d'une grande qualité générale, même si certains choix narratifs et esthétiques sont discutables. Quelques longueurs habitent la partie médiane, et un nombre incalculable de séquences sont filmées dans une obscurité particulièrement pénible.