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San-Antonio,
      2004, 
 
de : Frédéric  Auburtin, 
 
  avec : Gérard Lanvin, Gérard Depardieu, Michel Galabru, Luis Rego, Barbara Schulz, Maryam d'Abo, Patachou, Robert Hossein, Michèle Bernier,
 
Musique : Jean-Yves d'Angelo

   
   
Le Président de la République Française (Jean-François Deniau !!!) a disparu alors qu'il se trouvait dans son WC ! La police est sur les dents, en la personne de l'inspecteur Bérurier (Gérard Depardieu), puisque le commissaire San Antonio (Gérard Lanvin) vient d'être viré par son directeur, Achille (Michel Galabru), pour incompétence notoire. Mais cette mise au rancart n'est bien sûr que provisoire et les deux compères, aidés par le fils de San-Antonio, Toinet (Jérémie Rénier), mènent l'enquête... 
 
   Il y a une trentaine d'années, je me suis régalé des aventures rabelaisiennes du lubrique commissaire. Mais, bien plus que les scénarios, parfois rachitiques ou tortueux qui servent de fondement aux exploits du plus macho des flics français, c'est le délire littéraire et grammatical de son auteur qui fait le prix de ces extravagances. Néologismes, calembours, jeux de mots souvent faciles, parfois hilarants, diarrhées verbales incontrôlées, trouvailles oscillant entre le scatologique et le raffiné, orgies volcaniques de copulations aussi improbables que sidérales, tout cela donne une marque totalement originale aux ouvrages de Frédéric Dard, mais pose en même temps les limites de l'adaptation possible. J'étais curieux de voir une transposition contemporaine de cet univers dans une création cinématographique. Une mouture ancienne : "Béru et ces dames" (1968), où Gérard Barray et Jean Richard se donnaient la réplique, ne m'avait pas laissé un grand souvenir... 
 
   Ce n'est sûrement pas cette vision moderne (?) qui fera évoluer la situation ! Plutôt que de faire porter au réalisateur la responsabilité de cette farce aussi ringarde que pitoyable, je pense qu'il faut simplement admettre que l'univers créé par l'auteur, fondé sur la magie diabolique de la valse des mots, est quasiment inadaptable au cinéma. Lorsque tout ce qui relève de l'hystérie verbale est éliminé de fait, pour cause de transposition visuelle impossible, ne demeure qu'un squelette d'histoire abracadabrante habillé, si l'on peut dire, d'allusions salaces et de quelques prestations affligeantes (Michel Galabru, oh là là...). Aussitôt vu, aussitôt oublié. Et vient même à l'esprit que la saga des "Taxi", grandement gâtée par les suites répétitives et laborieuses, "Taxi 2" & "Taxi 3", est un divertissement de qualité ! C'est dire...  
 
   Question à dix mille euros : Qu'est-ce que Jean-François Deniau vient faire dans cette galère ?...
   
Bernard Sellier