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Le secret, 1974,
de : Robert Enrico,
avec : Jean-Louis Trintignant, Marlène Jobert, Philippe Noiret, Jean-François Adam,
Musique : Brian Tyler
David Daguerre (Jean-Louis Trintignant) parvient à s'échapper d'un centre de détention psychiatrique en tuant un gardien. Il espère se cacher dans la montagne pour échapper aux recherches, mais le cabanon n'existe plus. Il accepte l'hospitalité d'un couple, Thomas Berthelot (Philippe Noiret) et Julia Vandal (Marlène Jobert), qui vit complètement isolés...
Si l'on excepte "Le vieux fusil", les oeuvres de Robert Enrico sont sans doute injustement oubliées, car de "Tante Zita" aux "Grandes gueules", en passant par "Les Aventuriers" ou le film présenté ici, elles ont laissé de beaux souvenirs aux cinéphiles des seventies. Sans aucune esbroufe, avec une économie de moyens évidente (voulue ou pas ?), le réalisateur parvient à installer une atmosphère lourde, inquiétante, en entretenant intelligemment le doute sur la personnalité de David, dont on ignore toute l'histoire, et qui, de ce fait, atteint une dimension archétypale. Au fil des jours, l'intrigue devient une variation émouvante sur les thèmes de l'amitié, de la confiance, du discernement. Elle est également une condamnation sans appel de la "barbarie ordinaire" dont sont capables les états démocratiques dits "civilisés", lorsqu'un danger menace.
Sans doute une petite part de nostalgie intervient-elle (le charme de Marlène Jobert, la bonhomie chaleureuse de Philippe Noiret, sans oublier la musique d'Ennio Morricone), toujours est-il que ce film intimiste, sage (trop certainement, pour les générations contemporaines), conserve intact son pouvoir de séduction.
Bernard Sellier