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Sense 8,
      Saison 1,     2015 
 
de : Andy & Lana  Wachowski..., 
 
avec : Naveen Andrews, Aml Ameen, Jamie Clayton, Doona Bae, Tuppence Middleton, Tina Desai, Daryl Hannah, Brian J. Smith,
 
Musique : Johnny Klimek, Tom Tykwer


    Ne pas lire avant d'avoir vu la série 

   
Will Gorski (Brian J. Smith) est flic à Chicago. Un soir, il voit une jeune femme se donner la mort. Ou tout au moins croit la voir. Pendant ce temps, à Mumbai, Kala Dandekar (Tina Desai) est sur le point d'épouser un homme qui est très amoureux d'elle, mais qu'elle n'aime pas. Lito Rodriguez (Miguel Angel Silvestre), acteur, est sujet à des hallucinations et perd parfois le contrôle de lui-même. Ils sont plusieurs, dans différentes parties du monde, à vivre des événements perturbants et incompréhensibles... 
 
   Ils ne sont d'ailleurs pas les seuls ! Car rarement un pilote de série, ainsi que le deuxième épisode, se seront révélés aussi pesants et touffus. Certes, progressivement, le spectateur commence à se familiariser avec les divers personnages, dont certains ne manquent pas de générer empathie et humanité. Chaque intrigue avance individuellement dans ses marques, même si certaines semblent laissées périodiquement sur le bas côté. Mais, hormis une suite de visions qui se jouent de l'espace et du temps, les interconnexions entre les différents personnages peinent à s'établir. Ce qui ne manque pas de provoquer fréquemment une sérieuse envie de décrocher, d'autant plus que ne se profile aucun enjeu majeur durant les trois premières heures. C'est long, très long... Le procédé de prise de connaissance des individualités par flash back évoque à la fois "Heroes" et "Lost". Mais la finalité de ces aventures chorales, vaguement évoquée dans l'un des premiers épisodes (la DMT, di-méthyl tryptamine, sujet du passionnant livre du professeur Rick Strassman : "DMT, la molécule de l'esprit"), se fait désirer plus que de raison et le scénario, manifestement très ambitieux, patine de manière éprouvante. A la fin du septième épisode, les événements commencent enfin à se précipiter. Mais ce n'est, hélas, qu'un feu de paille. 
 
   Au final, cette série, présomptueuse, classieuse, génère les émotions les plus diverses. Excitation, agacement, ennui, passion, déception... Les thèmes psychologiques sont heureusement intéressants, en particulier la difficulté de choisir et de vivre selon ses valeurs authentiques. Certains moments, rares, se montrent poétiques et lyriques, en particulier le final du dixième épisode, avec son cortège d'accouchements sur fond de concert symphonique, ou intensément passionnels (les amours de Nomi avec Amanita, ou de Lito avec Hernando). Mais l'histoire manque cruellement d'un enjeu majeur digne de ce nom, et le dénouement expédié ne fait que renforcer une déception manifeste devant cet amoncellement plantureux, fertile en personnalités saillantes, qui ont le malheur de se débattre dans une coquille scénaristique aussi clinquante que stérile.
   
Bernard Sellier