Lost, Saison 1, série de J.J.Abrams, commentaire

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Lost,
       Saison 1,       2004 
 
de : J. J.  Abrams..., 
 
avec : Matthew Fox, Naveen Andrews, Maggie Grace, Daniel Dae Kim, Josh Holloway,
 
Musique : Michael Giacchino


   
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Un avion vient de se crasher sur une île. Une quarantaine de survivants reprennent peu à peu leurs esprits. Il y a là Jack Shephard (Matthew Fox), médecin, Kate Austen (Evangeline Lilly), Shannon Rutherford (Maggie Grace), une jolie blonde, Sayid Jarrah (Naveen Andrews), un ancien militaire Irakien, Charlie Pace (Dominic Monaghan), membre drogué d'un groupe de rock... Jack décide de partir dans la jungle à la recherche du cockpit de l'avion, où il espère trouver un émetteur. Kate et Charlie l'accompagnent. Ils découvrent effectivement l'avant de la carlingue, ainsi que l'un des pilotes, encore vivant. Mais le malheureux ne le reste pas longtemps, car une "chose" monstrueuse le liquide illico presto. Et mystères tout comme dangers ne font que commencer... 
 
   Il est bien loin le temps des classiques séries pépère, du style "Amicalement vôtre", "les Mystères de l'Ouest" ou "Chapeau melon et bottes de cuir", qui emmenaient le spectateur dans de petites aventures tranquilles, habitées d'un soupçon de fantastique, à peine susceptible de faire frissonner un enfant de cinq ans ! Que ce soit "24 heures" ou cette série, la mode n'est plus au divertissement de tout repos ! A peine dix minutes, le temps que les premiers personnages émergent de leur traumatisme, et la machine à terreur s'emballe déjà ! La recette est simple : il faut saisir l'attention du spectateur, lui décocher, d'emblée, un uppercut dans le centre émotionnel, et, surtout, ne plus le lâcher d'une seconde ! Avant que la série "24 heures" n'apparaisse, n'importe quel humanoïde sensé n'aurait pas cru réalisable d'entasser les doses de suspense, en crescendo, durant vingt-quatre épisodes, étant donné le niveau hyper-élevé du départ. Désormais, on sait que c'est tout à fait possible, et, pire, gobable ! Par conséquent, au bout de deux heures déjà gorgées de mystères et d'angoisse, il est évident que le drame tiendra ses promesses. Entre flash back dévoilant peu à peu les zones d'ombres de chaque protagoniste et les événements qui attendent dans chaque recoin de leur île paradisiaque, il vient même à l'esprit que les dix-sept heures de projection suffiront à peine à contenir cette débauche de trouvailles !  
 
   Mais... et ce n'est qu'une des nombreuses surprises qui émaillent cette série, les scénaristes ont pris à contre-pied l'attente du spectateur en suspendant les sources d'angoisse durant de longues périodes ! Au point que, par moment, il serait presque possible de croire que nous sommes revenus d'un cauchemar diabolique, dans un véritable Club Méditerranée. Au point que l'impression qu'un trou d'air s'est produit subitement dans l'inspiration des auteurs, fait surface. Mais ce n'est là qu'une illusion, comme beaucoup d'événements dans cette histoire complexe. Heureusement, et subtilement, les créateurs profitent de ces pauses pour dégoupiller le passé trouble de tous les protagonistes, ce qui rend chacun d'eux infiniment proche de nous, et même sympathique, tant le pitoyable s'immisce dans tous les tempéraments, y compris les plus antipathiques a priori ! Chaque personnage est croqué avec fermeté, justesse et une intense compassion. Sculptés de prime abord sommairement, tous évoluent progressivement au gré des traumatismes qui les accablent, réveillant les blessures non cicatrisées du passé. Tous résonent sur une note particulière, et la confrontation forcée qui leur est imposée finit par générer une composition orchestrale dont l'harmonie se développe lentement mais sûrement.  
 
   A cet aspect humain de l'aventure, s'ajoutent plusieurs qualités fondamentales qui exaltent l'originalité et l'intérêt de l'ensemble. S'inspirant de l'idée basique du "Projet Blair Witch", mais loin de l'arnaque véhiculée par ce film affligeant, le danger est beaucoup plus suggéré que montré. Les longues périodes d'accalmie rendent d'ailleurs ces moments dramatiques particulièrement terribles. Mais la plus grande réussite tient sans doute au fait que de multiples options explicatives sont proposées, au fur et à mesure que les tragédies s'installent, sans qu'une direction particulière semble privilégiée. Les scénaristes ont fait le choix risqué, mais efficace, se placer dans l'optique des malheureux jetés sur ce nouveau monde à apprivoiser, c'est-à-dire dans une ignorance totale et traumatisante de ce que sera l'inconnu de la minute suivante. Un article fort intéressant sur la conception de la série figure dans le N° 88 de "Home Ciné DVD". 
 
  Quelques longueurs, un certain nombre de péripéties répétitives, mais un concept novateur, des personnalités marquantes, toutes inoubliables, un équilibre remarquable entre suspense et investigations psychologiques et, surtout, une vibrante humanité.
   
Bernard Sellier