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The Shield,
      Saison 1,      2002, 
 
de : Shawn  Ryan..., 
 
avec : Michael Chiklis, Catherine Dent, Walton Goggins, Michael Jace, Benito Martinez, CCH Pounder,
 
Musique : Vivian Romero


   
Ne pas lire avant d'avoir vu la saison

   
Vic Mackey (Michael Chiklis) est flic à Los Angeles. Une jeune femme est trouvée morte et sa fillette a disparu. L'agent Holland «Dutch» Wagenbach (Jay Karnes) parvient à mettre la main sur un médecin présumé pédophile, mais il peine à le faire avouer. Vic utilise la manière forte et retrouve l'enfant vivante...

    Et des manières fortes, c'est le genre de comportement qui ne fait pas peur à Mackey, tout comme l'insolence, la prétention, les blagues douteuses, et une violence chronique. Le premier épisode présente d'emblée les bases d'une équipe rebelle qui se  contrefout des règlements et des pratiques respectueuses de l'individu. C'est du saignant dans les paroles, dans les actes, et du speedé côté montage, avec des «cut» tellement abrupts qu'ils laissent à peine le plan se terminer. En deux temps trois mouvements, le suspect est arrêté, les complices identifiés et l'affaire résolue. Il faut tout de même espérer que la suite affichera des développements un peu plus évolués, car dans cette exposition, le réalisme et la vraisemblance en prennent un sacré coup. Mais ce n'est pas le seul handicap de la première saison. D'une part, les intrigues tiennent sur un timbre poste, sautent du coq à l'âne et font intervenir des truands aussi minables qu'interchangeables. Pire encore, les personnages, exception faite de Danni Sofer (Catherine Dent) et d'un Julien Lowe (Michael Jace) à la sensibilité exacerbée et touchante, sont, au mieux sans intérêt, au pire détestables. La palme revient sans doute à Shane Vendrell (Walter Goggins), qui flirte avec la débilité. Il est tout à fait possible de s'attacher à une individualité rebelle, agressive, voire criminelle. On a tous en mémoire le héros de «Dexter» ou encore le Raylan Givens de «Justified». En revanche, ici, c'est quasiment mission impossible. Vic est une sorte de schizophrène qui se voit confronté à des ordures de son acabit, tout cela dans un contexte aussi minimaliste qu'artificiel. Le seul point positif de l'entreprise réside dans l'énergie rageuse qui baigne les récits.

    Le concept de ce personnage borderline était peut-être novateur en 2002, d'autant plus qu'une certaine crudité générale était affichée sans complexes. Aujourd'hui, après une avalanche de réussites majeures, tout cela apparaît seulement primaire, répétitif et ultra limité. La palme des invraisemblances est difficile à décerner, tant les enquêtes rivalisent d'invraisemblances. Pour n'en citer qu'une : l'affaire de la veuve dont le mari a été assassiné un an plus tôt et qui était enterrée. Le «génial» Dutch résout l'énigme en dix minutes et deux coups de fil ! Grotesque, mais hélas récurrent.

   Reconnaissons cependant qu'il est impossible de porter une appréciation sur une série de sept saisons en ne visionnant que la première. On peut supposer que la suite évolue, s'enrichit et, peut-être, se bonifie avec le temps. Mais franchement, ces treize premiers épisodes ne donnent guère envie de s'enfoncer dans les suivants...
   
Bernard Sellier