Stillwater, film de Tom McCarthy, commentaire

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Stillwater,
      2021, 
 
de : Tom  McCarthy, 
 
  avec : Matt Damon, Camille Cottin, Abigail Breslin, Lilou Siauvaud, Anne Le Ny, Deanna Dunagan, Nassiriat Mohamed,
 
Musique : Mychael Danna


 
Bill Baker (Matt Damon) profite de son chômage pour quitter l'Oklahoma et se rendre à Marseille où sa fille Allison (Abigail Breslin) purge une peine de prison pour le meurtre de sa colocataire, Lina, cinq ans plus tôt. La jeune fille veut que son avocate, Leparq (Anne Le Ny), prenne en compte une rumeur selon laquelle un certain Akim (Idir Azougli) pourrait être le coupable. Mais l'avocate refuse. C'est alors que Bill fait la connaissance d'une jeune actrice, Virginie Leterrier (Camille Cottin), et de sa petite fille Maya (Lilou Siauvaud)... 
 
 Ce qui frappe dans cette histoire, dès les premières scènes, c'est le sérieux et la dignité avec laquelle elle va être traitée. Nous sommes dans un récit au réalisme solide,  carré, dépourvu de la moindre fioriture, qui se concentre sur l'essentiel, à savoir les drames humains, tout en insérant ceux-ci dans un contexte social sobre, mais profondément authentique. Souvent caricaturée de manière grotesque par les réalisateurs américains, la France, ici circonscrite à Marseille, se voit décrite avec l'acuité et la véracité qu'auraient pu nous offrir un réalisateur national. Bill est un homme simple, taciturne, presque ignorant, à mille lieues du Liam Neeson super héros dans "Taken". Les autres personnages, au premier rang desquels trône une Camille Cottin toujours désarmante de spontanéité instinctive, sont campés avec autant de naturel que de concision. Il suffit de quelques attitudes, de quelques phrases pour synthétiser avec pertinence l'âme fondamentale d'un peuple, sans que ces raccourcis prennent l'allure d'un manichéisme bas du front. Dans cette histoire simple de recherche d'une vérité, se dessine en fait un amour paternel maladroit et une quête de rédemption pour un père qui a brillé par son absence. L'humanité qui baigne le film ne surprend guère de la part du réalisateur du captivant "Spotlight". Il est vrai que l'œuvre est longue (2h20'), ce qui lui a été reproché, mais ce qui peut paraître de la langueur est en fait indissociable de l'esprit de l'histoire et de la mise en place des émotions, des sentiments et des prises de conscience. Et l'on ne peut qu'être touché au cœur par la profonde mélancolie qui baigne les êtres et les évènements.

Une très belle réussite nimbée de délicatesse, de mélancolie et d'empathie. Le seul point dérangeant, mais secondaire, réside dans le fait que Bill parle constamment français, alors qu'il est censé s'exprimer dans la langue de Steinbeck...
   
Bernard Sellier