The tourist, Saison 1, série de Harry Williams, commentaire

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The tourist,
       Saison 1,       2022 
 
de : Harry & Jack  Williams, 
 
avec : Jamie Dornan, Danielle Macdonald , Shalom Brune-Franklin, Ólafur Darri Ólafsson, Danny Adcock, Damon Herriman,
 
Musique : Dominik Scherrer, Vivaldi

   
   
Ne pas lire avant d'avoir vu la série

 
Un homme (Jamie Dornan) parcourt le désert australien en voiture, lorsque, soudain, un poids-lourd le prend en chasse sans raison. Il croit lui avoir échappé, lorsqu'un accident se produit. Il se réveille amnésique à l'hôpital. Une stagiaire de police, Helen Chambers (Danielle Macdonald), vient l'interroger et se prend d'affection pour lui. Il trouve dans sa poche un papier mentionnant un rendez-vous dans un bar de la petite ville de Burnt Ridge. Il s'y rend, rencontre la serveuse, Luci (Shalom Brune-Franklin). Tous deux échappent de peu à l'explosion d'une bombe dans le café...
 
 L'histoire commence sur les chapeaux de roue en mode « Duel » de Spielberg. Puis, avec l'apparition d'un homme manifestement emprisonné sous terre, on croit se diriger vers une tragédie bien glauque, avec un tueur en série qui sévit dans la contrée, style « La colline a des yeux » ou « Devil's rejects ». Pourtant, nombre d'éléments semblent démentir ces deux pistes. Car le sérieux des deux situations principales est totalement dynamité par une galerie de personnages tous plus improbables les uns que les autres. Entre le colosse Billy Nixon (Ólafur Darri Ólafsson), dont la mère change de profession en fonction des personnes qu'il interroge, jusqu'à la naïve fliquette qui se croit obligée de sourire tous les trois mots, en passant par le flic urbain, doté d'une sonde urinaire, qui, chaque jour, à heure fixe, interrompt tout travail pour donner des conseils culinaires à sa femme, ou encore le fiancé d'Helen, Ethan Krum (Greg Larsen), qui ne songe qu'à la préparation de son mariage tout en rabaissant sa fiancée dès qu'il en a l'occasion, le spectateur friand d'originalité et de décalage a largement de quoi se pourlécher les babines. Sans oublier la file de voitures arrêtées sur la route, pour cause de copulation d'une espèce rare de tortues au milieu de la voie !

 Mais l'insolite ne réside pas uniquement dans les individualités. Sur une trame fondamentale vue des centaines de fois (l'amnésie), le scénario tricote une multitude de variations qui cumulent à la fois l'inventivité, le suspense et le mystère. Car le spectateur est incapable de deviner où va l'entraîner le récit dans la minute qui suit. À ce titre, l'épisode 5 est à marquer d'une pierre blanche. Il est rare de réussir à ce point une œuvre construite à partir de composantes aussi disparates. La comédie côtoie le drame. Les dialogues sont parfois hilarants dans leur basicité voulue. Le gore côtoie l'émotionnel. La primarité côtoie la complexité. Et tout cela se fond dans un road movie qui prend par instant des allures westerniennes, ne serait-ce que par la musique, très réussie. Sous ses dehors simplistes et les brutes qui la peuplent, cette histoire est en fait une double découverte de soi-même. Celle de qui est vraiment Elliott, et ce n'est pas forcément ce qu'il y a de plus agréable à voir. Et surtout celle de la stupéfiante et bouleversante Helen, à laquelle l'aventure fait découvrir sa valeur réelle, bien loin des clichés machistes et méprisants véhiculés par son abruti de fiancé. Une réussite de premier ordre, par son inventivité, son originalité, et l'humanité qui parvient à naître au milieu des déserts, tant naturels qu'affectifs.
   
Bernard Sellier