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Tout feu tout flamme,
     1982, 
 
de : Jean-Paul  Rappeneau, 
 
  avec : Isabelle Adjani, Yves Montand, Alain Souchon, Jean-Luc Bideau, Jean Rougerie, Lauren Hutton,
 
Musique : Michel Berger


   
Pauline Valence (Isabelle Adjani) travaille au Ministère des Finances et s'occupe de ses deux petites soeurs, Delphine (Jeanne Lallemand) et Juliette (Amélie Gonin). Un jour, leur père, Victor (Yves Montand), exilé au Canada depuis longtemps, réapparaît brusquement et semble vouloir se réinsérer dans sa famille... 
 
   Pour tout cinéphile ayant dépassé la cinquantaine, Jean-Paul Rappeneau est le symbole d'une fougue, d'une énergie débordante, d'une pétulance et d'un sens du rythme qui ne se démentiront quasiment jamais dans ses rares créations ( 9 en six décennies, c'est presque un record à la Terrence Malick... ), exception faite du "Hussard sur le toit", étrangement anémié. 
 
   Le scénario est ici construit sur le mode du "Sauvage", sorti sept ans plus tôt, mais de manière inversée. Dans celui-ci, nous avions un Montand misanthrope, effacé, adepte de la zénitude, face à une Catherine Deneuve aussi survoltée qu'inconsciente. Présentement, c'est Isabelle Adjani qui occupe de poste de la droiture, de l'isolement, du quotidien formaté, raisonnable, tandis que Montand se régale dans un rôle de manipulateur chronique, logorrhéique et jouissivement cabotin. Le spectateur est plongé dans une intrigue un peu plus élaborée que précédemment, avec son lot de figures secondaires appropriées ( Jean-Luc Bideau, monsieur Nash, la grand-mère (Madeleine Cheminat... ). Inutile de chercher une quelconque vraisemblance dans une histoire où un hôtel particulier parisien se vend en 24 heures et un casino en ruine retrouve sa jeunesse en six mois. Seules comptent la verve qui irrigue chaque scène, les tortueuses manipulations d'un Victor caméléon, et le rythme implacable qui sous-tend l'ensemble. A noter un épilogue à la mélancolie inattendue. 
 
   De la belle ouvrage, sans autre prétention que celle de séduire et de divertir intelligemment.
   
Bernard Sellier