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Traîné sur le bitume,
     (Dragged across concrete),     2018, 
 
de : S. Craig  Zahler, 
 
  avec : Mel Gibson, Vince Vaughn, Jennifer Carpenter, Thomas Kretschmann, Laurie Holden, Udo Kier, Don Johnson, 
 
Musique : S. Craig Zahler, Jeff Herriott, The O'Jays

   
   
Brett Ridgeman (Mel Gibson) et Anthony Lurasetti (Vince Vaughn) sont mis à pied pour avoir arrêté un truand de manière plutôt musclée. La femme de Brett, Melanie (Laurie Holden) a une sclérose en plaques et leur fille Sarah est constamment agressée parce qu'ils vivent dans un quartier pourri. Quant à Anthony, il rêve d'épouser Denise (Tattiawna Jones). Lorsque l'occasion se présente de délester un truand, les deux hommes hésitent peu... 
 
   En trois films ("Bone tomahawk", "Section 99") et celui-ci, le réalisateur s'est à l'évidence créé une marque de fabrique qui ne manque pas d'originalité dans le polar contemporain, même si les résultats ne sont pas toujours enthousiasmants à cent pour cent. Sa recette est finalement assez simple : mixer le style de Sergio Leone et celui de Quentin Tarentino. 
 
   Au premier, il emprunte sa lenteur calculée, une dilution des périodes calmes savamment dosée ( avec des plans, parfois fixes, étirés au maximum : plus d'une minute pour manger un sandwich...) afin que que les éclairs de violence qui jaillissent affichent un impact encore plus intense. 
 
   Au second, il emprunte une propension au bavardage qui n'hésite pas à délayer plus que de raison des conversations dont la teneur est pour le moins primaire. Dans ce cas, comme dans le premier, force est de reconnaître que S. Craig Zahler n'arrive pas à égaler ses deux modèles. Tarentino peut être parfois horripilant, mais ses créations demeurent magistrales. Dans cette histoire simple, sorte de western urbain, qui serait filmée en 95 minutes par n'importe quel réalisateur de polar, mais s'étend ici sur plus de deux heures et demie, les personnages sont eux aussi caricaturés de manière basique, voire parfois répétitive. Brett n'en finit pas de jauger toute situation ou hypothèse en pourcentage de chances. Quant à la sauvagerie primaire, elle est également une marque de fabrique qui évoque, elle aussi, Tarentino. 
 
   Il est bien difficile de mettre une note à ce genre d'œuvre, tout à la fois insolite, agaçante, inventive par certains aspects, parfois hypnotisante, mais déplaisante par sa complaisance dans le brutal.
   
Bernard Sellier