3 Mousquetaires, D'Artagnan, film de Martin  Bourboulon, commentaire

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Les trois mousquetaires,
    D'Artagnan,    2023, 
 
de : Martin  Bourboulon, 
 
  avec : François Civil, Vincent Cassel, Romain Duris, Pio Marmaï, Mag-Avril, Eva Green, Louis Garrel,
 
Musique : Guillaume Roussel


 
Tout le monde connaît la trame de cette histoire mythique, avec la rencontre du jeune D'Artagnan (François Civil) arrivant de sa Gascogne natale pour devenir Mousquetaire, avec trois de ces héros emblématiques que sont Athos (Vincent Cassel), Porthos (Pio Marmaï) et Aramis (Romain Duris), ainsi que leur combat contre le roué Richelieu (Eric Ruf) et la troublante Milady (Eva Green)...
 
 C'est toujours avec une certaine appréhension que l'on voit arriver les adaptations des romans d'Alexandre Dumas, car plus d'une fois, la catastrophe était au rendez-vous. C'était le cas, par exemple, du «Comte de Monte Cristo» accommodé à la sauce Josée Dayan, qui, non seulement affichait en rôle titre un Gérard Depardieu aussi crédible en Edmond Dantes que Fabrice Luchini le serait en Hercule, mais de plus osait, dès le commencement, un contresens majeur totalement injustifiable, lors de  l'entrevue entre Villefort et Dantes. Ne parlons même pas de la «Vengeance de Monte Cristo», massacre de ce génial roman orchestré par un Kevin Reynolds qui avoue détester Dumas ! Le cas des «Trois Mousquetaires» est moins sujet à un saccage, car il n'a pas la profondeur mystique et psychologique qui irrigue de bout en bout «Le comte de Monte Cristo». Le choix des acteurs est déjà judicieux. Autant François Civil, à la juvénilité sympathique, que Romain Duris dans la peau du rusé Aramis, sont tout à fait crédibles. Pio Marmaï ne correspond guère à l'idée que l'on peut se faire du géant Porthos, mais bon... Celui qui est le plus en osmose avec son personnage, est à l'évidence Vincent Cassel dans la peau d'un Athos en pleine déprime.

 Il y a plus d'un demi-siècle que nous n'avons pas lu le roman de Dumas, contrairement aux six lectures du «Comte de Monte Cristo». Les souvenirs sont donc un peu lointains ! Heureusement, il est facile de trouver l'intégralité du roman en .pdf sur Internet, ce qui permet des recherches très rapides sur certains mots-clés. Les inquiétudes commencent donc très tôt avec des distorsions de plus en plus grandes envers le roman. Où sont passés monsieur Bonacieux et l'inénarrable Planchet ? Que vient faire Gaston de France et son mariage ? D'où sort cette histoire de condamnation à la décapitation d'Athos ? Qui est ce Benjamin de la Fère ? Lorsqu'on termine la vision de cette première partie, une question, à laquelle nous n'avons jusqu'alors jamais trouvé de réponse, taraude l'esprit. Si les scénaristes choisissent d'adapter un roman et de lui adjoindre n'importe quelle fantaisie qui leur vient à l'esprit, pour quelle raison ne créent-ils pas un scénario original, plutôt que de massacrer une œuvre classique ? Si l'on excepte le luxe des décors, des cérémonies, des fêtes, et le fait de voir les célébres mousquetaires incarnés par de nouveaux visages, quels sont les apports artistiques  véhiculés par cette nouvelle adaptation, et quelle peut être la justification d'un remake de ce genre ? On est bien en peine de les découvrir. Il y a de l'action en veux-tu en voilà, une histoire assez banale parce que déformée et artificialisée, qui privilégie l'agitation à la profondeur, des dialogues sans intérêt et, par voie de conséquence, une narration aux ressorts primaires. Alors, même si, comme nous l'écrivions au début, ce roman du grand Alexandre est loin d'avoir l'élévation et l'intériorité du «Comte de Monte Cristo», et, de ce fait, supporte mieux les distorsions, il n'en reste pas moins horripilant de voir des scénaristes prendre un plaisir sadique à déformer une perfection romanesque, plutôt que de se risquer à concevoir de bout en bout une création originale.

 Un tout petit quatre étoiles pour le rythme de l'ensemble et quelques acteurs aux incarnations réussies. Certes, nous ne sommes pas dans le catastrophique des «Trois mousquetaires» de Stephen Herek, mais le second volet se passera quand même de nous...
   
Bernard Sellier