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La veuve noire,
     (The black widow),      1987, 
 
de : Bob  Rafelson, 
 
  avec : Debra Winger, Theresa Russell, Sami Frey, Dennis Hopper, Nicol Williamson, Terry O'Quinn, Lois Smith, James Hong, D.W.Moffett,
 
Musique : Michael Small

  
   
Sam Petersen (Theresa Russell) décède pendant son sommeil. Sa jeune épouse, Catherine (Theresa Russell) hérite de l'immense fortune qu'il laisse. Quelques mois plus tard, c'est Ben Dumers (Dennis Hopper), un riche fabricant de jouets de Dallas, qui succombe dans les mêmes conditions. Marielle, sa femme, hérite de tous ses biens, car, peu de temps avant sa mort, il avait déshérité sa soeur, Etta (Diane Ladd). Puis c'est au tour d'un spécialiste des monnaies, William Macauley (Nicol Williamson), de subir le même destin funeste. Le dénominateur commun de ces brutales disparitions n'est autre qu'une charmante jeune femme. Dans un service du Ministère de la Justice, Alexandra 'Alex' Barnes (Debra Winger) est obsédée par ces coïncidences. Elle obtient difficilement de son patron, Bruce (Terry O'Quinn), qu'il lui laisse mener l'enquête... 
 
   L'idée de départ, sans être particulièrement originale, est intéressante à plus d'un titre. Il n'est pas si courant que le tueur en série prenne l'apparence d'une délicieuse créature, arborant tour à tour, avec talent et efficacité, le masque de l'amante comblée, celui de l'intellectuelle réservée, et celui de la mante religieuse froidement calculatrice. D'autre part, l'enquête que mène Alex, double inversé de Catherine, aussi pauvre en amour que l'épouse multi-récidiviste est comblée dans ce domaine, conduit à une relation obsessionnelle complexe, à une jalousie sous-jacente, qui ne sont pas sans rappeler celles de Allison et Hedra dans "J.F. partagerait appartement". Malheureusement, le résultat n'est pas à la hauteur des ambitions affichées. Si Theresa Russell, regard glacé et lèvres cruelles, est particulièrement bien choisie, si Debra Winger, spontanée et maladroite, est toujours aussi délicieuse, l'histoire se révèle beaucoup trop prosaïque, les thèmes explorés superficiellement. Dans "Basic Instinct", sorti 4 ans plus tard, où Catherine Tramell se montre infiniment moins subtile que son homonyme ici, dans l'exécution de ses amants, Paul Verhoeven parvient à nimber son oeuvre d'un voile permanent de mystères et de suggestions, joue avec finesse des doutes, des manipulations.  
 
   Dans le cas présent, tout est mis en évidence sous une lumière crue. On ne trouve quasiment jamais ces zones d'ombres qui excitent la curiosité, sollicitent les neurones, provoquent la palpitation du cœur. Même le final, attendu avec avidité, paraît tiré par les cheveux. Sans parler des raccourcis scénaristiques plus qu'abrupts ! Le spectateur doit se contenter d'un thriller au déroulement banal, habité, par bonheur, d'acteurs magnétiques, mais, par malheur, sous utilisés... Bob Rafelson semble avoir perdu la passion et l'énergie qui éclataient dans "Le facteur sonne toujours deux fois". Un tout petit 4 étoiles. Pour Debra Winger et le trop rare Sami Frey !
   
Bernard Sellier