Will Randall (Jack Nicholson) occupe un poste éminent dans une grande société d'édition, qui vient d'être rachetée par le milliardaire Raymond Alden (Christopher Plummer). Il apprend du nouveau patron, que son poste a été donné au jeune et ambitieux Stewart Swinton (James Spader). Dans un premier temps, il ne réagit pas. Mais, ayant été mordu quelques jours plus tôt par un loup en Nouvelle Angleterre, il sent d'étranges réactions envahir son corps, tandis qu'une agressivité de plus en plus grande se manifeste. Il fait la connaissance de la fille d'Alden, Laura (Michelle Pfeiffer) et se rend compte que sa femme Charlotte (Kate Nelligan) entretient une liaison avec Swinton. Dès lors, il programme la perte de son adversaire...
La légende des loups-garous, tout comme celle des vampires, a inspiré nombre de romans, de films, et tient une place importante dans l'inconscient collectif. Comme le dit avec justesse le vieux professeur Vijay Alezias (Om Puri), que consulte Randall, l'homme n'a quitté l'animalité que depuis quelques milliers d'années (enfin, d'après la science officielle actuelle). L'être "humain" est-il une bête qui évolue (très lentement !) vers la spiritualité, ou bien possède-t-il une origine purement animique et son véhicule actuel, proche de celui des animaux, n'est-il qu'un "temple" temporaire ? Vaste débat dont on ne possède pas encore la solution authentique.
Quoi qu'il en soit, c'est ici Jack Nicholson qui s'y colle, et le moins que l'on puisse dire est que ce choix semblait s'imposer de lui-même. Son visage se métamorphose avec une telle aisance que l'on devine sans peine la part bestiale qui sommeille dans son inconscient. On retrouve le masque grimaçant du Jack Torrance de "Shining", aussi angoissant, horrifique, glaçant, à la limite du cabotinage, avec seulement quelques pilosités supplémentaires. Mike Nichols a opté pour une forme de drame psychologique classique, et ce n'est que dans les dernières minutes que la sauvagerie se déchaîne, au cours d'un final qui flirte avec le grand guignol, sans y tomber réellement. Le réalisateur a su conserver dans toute la trame qui précède une dignité constante et une vérité dans les rapports humains pertinente. C'est avec une subtilité certaine qu'il introduit progressivement les symptômes de la métamorphose qui s'opère chez Will, ne tombant jamais dans le spectaculaire, le sentimental ou le grotesque. Michelle Pfeiffer, décidément amatrice d'amants-loups (cf. le très poétique "Ladyhawke"), hérite du rôle de "la belle" confrontée à "la bête", et quelques plans de la fin ne sont pas sans évoquer "La belle et la bête" de Jean Cocteau.
Une assez belle réussite dans un genre qui n'est cependant pas ma tasse de thé...