Yara, film de Marco Tullio Giordana, commentaire

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Yara,
     2021, 
 
de : Marco Tullio  Giordana, 
 
  avec : Alessio Boni, Isabella Ragonese, Thomas Trabacchi, Sandra Toffolatti, Chiara Bono,
 
Musique : Andrea Farri


 
Février 2011 dans les environs de Bergame. La jeune Yara Gambirasio (Chiara Bono), 13 ans, ne rentre pas chez elle. Les recherches commencent rapidement, sous la direction de la procureure Letizia Ruggeri (Isabella Ragonese) et du policier Maresciallo Garro (Thomas Trabacchi). Mais aucune découverte n'est faite et les semaines passent... 
 
 On ne compte plus les innombrables films ou séries qui débutent par une disparition, avec, à la suite, les inévitables recherches. Autant dire qu'il est désormais mission quasi impossible de parvenir à se démarquer de manière profonde dans ce registre ultra visité. Mais la première surprise, accompagnée d'un espoir fou, dans cette nouvelle création disponible sur Netflix, est de voir qu'elle est réalisée par le grand Marco Tullio Giordana, qui nous a enchanté, voilà dix-huit ans, avec l'inoubliable «Nos meilleures années». Autant l'avouer tout de suite avec tristesse, hormis la présence du magnétique Alessio Boni dans le rôle du colonel Vitale, on ne retrouve en rien ici le charme et l'intensité émotionnelle de cette oeuvre majeure.

 L'histoire est paraît-il fondée sur un drame réel. Soit. Mais le label 'fait authentique' est largement insuffisant pour tirer cette enquête hors d'une banalité qui n'est jamais transcendée. Le drame en lui-même est des plus traditionnels. Une disparition, l'enquête, la stagnation dans la progression des recherches, les injonctions des autorités, l'obstination de la jeune procureure. Rien qui ne sorte d'une routine vue cent fois. Mais le plus regrettable ne vient pas de cette banalité, car, on l'a vu parfois - («La disparue», pour ne citer qu'une réussite française majeure) -, il n'est pas totalement impossible de sublimer le prosaïsme ambiant. Ce qui handicape définitivement ce film c'est d'une part le fait que nombre de scènes sonnent faux, et d'autre part que les personnages sont au mieux indifférents (la Procureure, le policier Maresciallo Garro), au pire en déficit chronique d'expressivité et d'émotion (les parents de Yara). Certes, l'oeuvre évite en permanence l'écueil du pathos et du larmoyant. Mais ce qui pourrait être un atout se révèle au bout du compte un handicap majeur, qui n'est compensé en rien par l'impact dramaturgique en permanence en berne. 

 Très décevant.   
   
Bernard Sellier