L'accusé, film de Oriol Paulo, commentaire

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L'accusé,
     (Contratiempo),  (The invisible guest),    2016, 
 
de : Oriol  Paulo, 
 
  avec : Mario Casas, Ana Wagener, Jose Coronado, Francesc Orella, Bárbara Lennie, Paco Tous,
 
Musique : Fernando Velázquez

 Ne pas lire avant d'avoir vu le film...
  

 
Le richissime Adrián Doria (Mario Casas) se retrouve un jour assommé dans une chambre d'hôtel en compagnie de sa maîtresse, Laura Vidal (Bárbara Lennie), assassinée. La redoutable Virginia Goodman (Ana Wagener) est envoyée auprès de lui pour bâtir sa défense. Il commence à lui raconter en détail les évènements qui ont précédé le drame...
 
 Un peu à la manière retorse des «Voyeurs», le scénario se montre malin et manipulateur à souhait. Le genre d'histoire tordue que n'aurait pas reniée Alfred Hitchcock. Tout commence de manière très linéaire avec l'énoncé des péripéties qui se sont accumulées quelques jours avant la tragédie. Puis, peu à peu, les explications avancées par Adrián sont détricotées par la subtile Virginia, jusqu'à ce qu'éclate, comme on pouvait s'y attendre, un bouleversement final qui fulmine en deux temps. Il est nécessaire d'avoir l'attention concentrée sur ce jeu du chat et de la souris, qui fait parfois penser, sans en approcher la subtilité inspirée, du ludique et machiavélique «Limier» de Joseph Mankiewicz. Car, si l'intrigue est conduite de manière assez brillante, il n'en demeure pas moins que les dialogues restent au ras du bitume, se contentant d'évoquer les faits dans leur présentation la plus primaire et impersonnelle. De plus, cette histoire, assez excitante, reconnaissons-le, est lourdement handicapée par le jeu statique et plat des comédiens. Même si on comprendra, in fine, la raison du visage figé de Virginia, son inexpressivité permanente est cependant dérangeante. Et ce n'est pas mieux du côté de Mario Casas, héros captivant de l'excellente série «L'innocent», qui semble ici s'ennuyer profondément durant ces cent minutes. Pour couronner le tout, le doublage se révèle également médiocre, ce qui est rare. Dommage, car l'imbroglio dramatique est assez bluffant.
   
Bernard Sellier