Les accusés, film de Jonathan Kaplan, commentaire

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Les accusés,
    (The accused),    1988, 
 
de : Jonathan  Kaplan, 
 
  avec : Jodie Foster, Kelly McGillis, Leo Rossi, Bernie Coulson, Tom O'Brien, Steve Antin, Ann Hearn,
 
Musique : Brad Fiedel

   
 
La jeune Sarah Tobias (Jodie Foster) est violée par trois hommes dans un bar. Soignée à l'hôpital, elle dépose plainte auprès de Kathryn Murphy (Kelly Mc Gillis). Les agresseurs sont arrêtés, mais une entente est conclue entre les parties sur une requalification mineure. Devant l'écœurement de la victime, Kathryn décide de poursuivre en justice ceux qui ont encouragé l'acte... 
 
 Si le cinéma a exploré de toutes les manières possibles ("Un justicier dans la ville", "Irréversible", "A vif", "J'irai cracher sur vos tombes"...), l'abomination que constitue un viol, le film de Jonathan Kaplan, qui a grandement contribué à lancer la carrière de Jodie Foster, est à marquer d'une pierre blanche, tant il dissèque avec simplicité mais avec évidence, la difficulté qu'éprouvent les victimes à faire reconnaître leur souffrance. Difficultés multiples, qui appartiennent aux multiples couches blessées. Le physique, d'abord, et, à ce titre, l'interrogatoire que subit Sarah à son arrivée aux urgences est symptomatique. Les deux jeunes femmes qui l'interrogent ne font preuve d'aucune méchanceté à son égard, mais la froideur clinique avec laquelle les questions sont débitées est pire qu'une agression verbale. Le niveau psychologique ensuite. Sarah est bien loin d'être un modèle de vertu. Elle est mal dans sa peau, à la limite de la délinquance. Comment parvenir à faire la part entre provocation et agression pure ? Le film aborde avec dépouillement et classicisme, sans une once de manichéisme, ces domaines glissants et parvient sans peine à générer une émotion puissante, grâce à l'incarnation d'une Jodie Foster subtilement équivoque.
   
Bernard Sellier