À vif, film de Neil Jordan, commentaire

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À vif,
       (The brave one),       2007, 
 
de : Neil  Jordan, 
 
  avec : Jodie Foster, Terrence Howard, Naveen Andrews, Mary Steenburgen, Nicky Katt, Jane Adams,  
 
Musique : Dario Marianelli


 
Erica Bain (Jodie Foster), chroniqueuse citadine dans une radio new yorkaise, et son compagnon David Kirmani (Naveen Andrews), sont violemment agressés une nuit dans Central Park. Le jeune homme y laisse la vie. Remise de ses blessures, mais devenue insomniaque, Erica achète un pistolet et parcourt la ville de nuit... 
 
 Admirateur quasi inconditionnel de Jodie Foster, artiste aussi séduisante qu'intelligente, j'avais cependant été surpris depuis quelques années par ses choix cinématographiques. "Flight Plan", "The inside man", et même le palpitant "Panic room", me semblaient lui offrir des rôles bien inférieurs à ce que sa richesse intérieure supposée était susceptible d'offrir au spectateur. Dans l'incarnation présente d'une femme définitivement meurtrie, elle investit une personnalité incontrôlée et violente, sorte de croisement entre le Paul Kersey du "Justicier dans la ville", et la Jennifer de "I Spit on your grave". 
 
 De son côté, Neil Jordan nous avait séduit par la dramaturgie délicate et sensible dont il avait fait preuve dans "The crying game" ou "La fin d'une liaison". Il n'était donc pas utopique d'attendre de leur association une vision profondément personnelle et d'une intelligente acuité. Le scénario effectue une tentative dans cette direction, en enveloppant les actes bruts de l'héroïne dans le contexte psycho-sociologique permis par la profession d'Erica. Mais ce n'est qu'un leurre temporaire. La jeune femme endosse en fait spontanément le statut de nettoyeuse radicale d'une racaille que chaque habitant espère plus ou moins consciemment voir rayée de la vie urbaine. En écorchée vive, Jodie Foster n'a aucune peine à être convaincante. Pourtant, si son interprétation n'appelle aucune réserve, il n'en est pas de même du propos. 
 
 Submergés par l'accumulation des délits, bridés par un système judiciaire tortueux ("La nuit des juges"...), qui octroie souvent aux criminels une quasi impunité, les policiers ne peuvent que constater fréquemment leur impuissance. Devant celle-ci, un pas est vite franchi qui permet de conclure que seule l'exécution sommaire individuelle est efficace, voire souhaitable. La dramaturgie est emballée avec une évidente habileté manipulatrice, mais il n'en demeure pas moins que le dénouement légitimateur est pour le moins hautement contestable.
   
Bernard Sellier