Antichrist, film de Lars von Trier, commentaire

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Antichrist,
         2009, 
 
de : Lars  von Trier, 
 
  avec : Charlotte Gainsbourg, Willem Dafoe, Storm Acheche Sahlstrøm,
 
Musique : Kristian Eidnes Andersen, Georg Friedrich Haendel

 
 
Tandis que un homme (Willem Dafoe) et une femme (Charlotte Gainsbourg) font l'amour, leur fils Nic (Storm Acheche Sahlstrøm) tombe du rebord de la fenêtre et se tue. Désemparés, les deux parents se réfugient dans un chalet perdu au milieu de la forêt, dans l'espoir de reconstruire leur couplke et leur santé mentale... 
 
 C'est par une scène merveilleuse, en noir et blanc, magnifiée par l'air sublime du "Rinaldo" de Haendel ("Lascia ch'io pianga"), la seule d'ailleurs dans ce drame sombrissime, que débute cette descente aux enfers d'un couple que le réalisateur veut archétypal, puisqu'ils ne sont pas nommés. Tout comme c'était le cas pour la "Passion du Christ" de Mel Gibson, ce sont surtout les motivations profondes de l'auteur qui génèrent chez le spectateur une interrogation aussi intense que troublante. Lorsqu'un réalisateur concocte des films de genre, façon "Martyrs", "La colline a des yeux", "Calvaire", "Saw", ou encore "Détour mortel", son intention est claire : flatter chez l'humain son attirance morbide pour le sadisme et la cruauté, en justifiant, au besoin, les excès sanglants par une dénonciation hypocrite de la violence. 

 Dans le cas de Lars von Trier, rien n'est aussi simple. Ce ne sont pas les êtres tant mâles que femelles qui sont indifféremment la proie d'un esprit dérangé. Tandis que la folie et le mal s'installent progressivement dans le récit, c'est clairement l'aspect Yin de la création, à savoir la mère-nature et la femme qui sont stigmatisées comme porteuses du "Mal". Les hommes, eux, qu'ils soient enfants ou adultes, sont les victimes de la perturbation originelle d'une forme satanique identifiée et avérée. Autant dire que ce ne sont pas tellement les quelques scènes "choc" de l'œuvre qui perturbent le spectateur, mais bien plutôt cette vision profondément déviée d'un esprit manifestement très atteint psychologiquement. Le talent du réalisateur s'efface donc vite devant cette pathologie malsaine, illustrée, qui plus est, par des moyens au symbolisme souvent abscons, qui ne sont pas un modèle de subtilité. Cela dit, il ne faut pas occulter la performance de Charlotte Gainsbourg, pour qui cette incarnation n'a pas dû être une partie de plaisir, tant elle vit en profondeur la folie destructrice de son personnage.
   
Bernard Sellier