Blue Jasmine, film de Woody Allen, commentaire

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Blue Jasmine,
       2013, 
 
de : Woody  Allen, 
 
  avec : Cate Blanchett, Sally Hawkins, Alec Baldwin, Bobby Cannavale, Max Casella, Peter Sarsgaard,
 
Musique : --

   
 
Jasmine (Cate Blanchett), dépressive et ruinée depuis que son escroc de mari, Al (Alec Baldwin) s'est suicidé en prison, arrive à San Francisco. Elle compte loger chez sa soeur, Ginger (Sally Hawkins), le temps de retrouver ses esprits et une direction personnelle. Les deux jeunes femmes, adoptées, n'ont que très peu d'atomes crochus. La venue de Jasmine tombe d'autant plus mal que Ginger comptait emménager avec son nouveau soupirant, Chili (Bobby Cannavale)... 
 
 Toujours prolifique, Woody Allen avait depuis quelques années soufflé le pétillant jubilatoire ("Minuit à Paris") et le décevant ("Match Point", "Vicky Christina Barcelona"). Il retrouve ici une inspiration multiforme, oscillant entre drame et comédie douce-amère. Omniprésente, Jasmine offre à Cate Blanchett un fourmillement de masques qu'elle enfile avec un talent caméléonesque enivrant. Tour à tour précieuse ridicule, pimbèche délicieuse ou paumée pitoyable, elle se coule avec une aisance enjôleuse dans cette personnalité aussi détestable qu'émouvante. En face d'elle, nous avons la tonalité opposée, à savoir une Ginger qui assume la pauvreté de sa condition et vise ce qui est à sa hauteur, le médiocre, avec des relations vraiment bas de plafond. L'antinomie de ces deux mondes, de ces deux conceptions de la vie, est sans doute un peu facile et criante. Mais l'écriture est le plus souvent délicatement ou acerbement ciselée, la sensibilité vibre à fleur de peau, et une poignante mélancolie baigne de plus en plus largement cette peinture intimiste de personnalités souffrantes, incapables de vivre en osmose avec leur être profond. 
 
 À coup sûr, les spectateurs garderont en mémoire la prestation de Cate Blanchett. En ce qui concerne l'œuvre en elle-même, c'est peut-être moins sûr.
   
Bernard Sellier