Buffet froid, film de Bertrand Blier, commentaire

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Buffet froid,
      1979, 
 
de : Bertrand  Blier, 
 
  avec : Bernard Blier, Gérard Depardieu, Jean Carmet, Michel Serrault, Carole Bouquet, Denise Gence, Jean Benguigui,
 
Musique : Philippe Sarde


 
Alphonse Tram (Gérard Depardieu) fait un soir la connaissance, dans les couloirs du métro, d'un comptable (Michel Serrault). Le couteau que porte toujours Alphonse se retrouve dans le ventre de son interlocuteur. Rentré chez lui, le jeune homme avoue à sa femme qu'il ne sait plus très bien si c'est lui qui a planté la lame... Ayant appris qu'un nouveau locataire a emménagé quelques étages plus haut, dans la tour jusque là habitée seulement par le couple, Alphonse se présente au nouveau venu. Il apprend avec joie qu'il s'agit d'un policier, l'Inspecteur Morvandieu (Bernard Blier). Peu après, l'épouse d'Alphonse est assassinée. Son assassin se présente bientôt, et les trois hommes deviennent inséparables... 
 
 Les amoureux de la logique, de la raison raisonnante, peuvent passer leur chemin ! Bertrand Blier, grand amateur de créations irrévérencieuses et cyniques ("Tenue de Soirée", "Préparez vos mouchoirs", "Les Valseuses"), se régale ici dans une histoire à dormir debout, qui prend à contre-pied toutes les conventions attendues. Tout à la fois comédie très macabre, vrai-faux drame, pseudo thriller, le récit repose intégralement sur des situations absurdes, décalées, non-sensiques, et sur des dialogues où l'incongru le dispute au paradoxal. C'est surprenant, ébouriffant, souvent excitant, mais, à la longue, fastidieux par sa répétitivité. Si les poncifs, la rigueur mathématique, sont capables de générer, lorsqu'ils sont excessifs, un ennui distingué, leurs opposés génèrent, même s'il est moins distingué, le même effet, lorsque leurs présences deviennent systématiques et permanentes. Quel est le but de Bertrand Blier en concoctant cette aventure délirante aux fondations vcolontairement douteuses ? C'est d'autant plus difficile à dire que les élucubrations des personnages sont manifestement orientées dans un sens unique : celui de la divagation saugrenue. Et, malgré cette propension manifeste au "n'importe quoi pourvu que ce soit invraisemblable", qui pourrait entraîner le spectateur dans un tourbillon de folie furieuse, il se dégage de l'ensemble une sorte de monotonie surprenante. Aucune véritable gradation au cours de la narration. Commencement et fin vibrent sur la même longueur d'onde. Comme si tous les protagonistes de cette valse macabre n'étaient que des marionnettes agitées au même rythme, par la même main. Finalement, l'adjectif qualificatif du titre ne s'applique pas seulement au buffet, mais également à l'œuvre toute entière...
   
Bernard Sellier