La communauté de l'Anneau, film de Peter Jackson, commentaire

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La communauté de l'anneau,
     (The Lord of the Rings I),    2001, 
 
de : Peter  Jackson, 
 
  avec : Elijah Wood, Sean Astin, Sala Baker, Sean Bean, Cate Blanchett, Orlando Bloom, Ian Holm, Ian McKellen, Liv Tyler,
 
Musique : Howard Shore, Enya...

  
 
Il y a bien longtemps, dix-neuf anneaux porteurs de Pouvoir furent forgés et distribués : 3 aux Elfes, 7 aux Nains et 9 aux Rois de la race des Hommes. Mais, secrètement, Sauron (Sala Baker), Seigneur des Ténèbres, forgea, dans les flammes de la Montagne du Mordor, un anneau plus puissant que tous les autres. Ce maître Anneau fut récupéré par le Roi Isildur (Harry Sinclair), qui refusa de le détruire. Il fut trouvé par Gollum (Andy Serkis), puis perdu pendant des siècles et enfin récupéré un jour, fortuitement, par Bilbo Saquet (Ian Holm) de la race des Hobbits. Celui-ci, sur les conseils du magicien Gandalf (Ian McKellen), le confie à son neveu, Frodon (Elijah Wood), avec mission de le cacher. Le jeune garçon s'enfuit en compagnie de son ami Sam afin d'échapper aux émissaires de Sauron qui sont en quête de l'Anneau. Blessé, Frodon est sauvé par deux Elfes, la belle Arwen (Liv Tyler) et Elrond (Hugo Weaving). Ce dernier convoque les derniers résistants aux forces du mal : Legolas (Orlando Bloom), Aragorn (Viggo Mortensen), descendant d'Isildur, Boromir (Sean Bean) et Gimli (John Rhys Davies), roi des Nains. Il est décidé que Frodon, aidé de plusieurs compagnons, formeront la Communauté de l'Anneau, et devront gagner la Montagne du Destin pour détruire à jamais le maléfice... 
 
 Il n'y a pas de doute, "Le Seigneur des Anneaux" est une fresque qui se mérite. J'avoue qu'une tentative de lecture de cette épopée, jadis, avait lamentablement échoué. De même j'éprouvais une certaine allergie double à la transcription cinématographique : d'abord le choix d'Elijah Wood pour incarner le personnage central, et la complexité de cette création globale d'un mythe qui m'apparaissait prétentieuse, exagérée et artificielle.  
 
 L'attente a quelquefois du bon. Une nouvelle expérimentation a été la bonne. Il me semblait d'ailleurs incompréhensible, illogique, que, passionné par les légendes fantastiques du genre "Willow", je rejette définitivement ce qui est, sans conteste, une adaptation majeure de l'un des ouvrages les plus fabuleux qui soient. Cette "communauté de l'Anneau" est en fait un mixage de "Willow", de "Legend", de "Princess bride" à la puissance dix mille. Du premier, il emprunte (si l'on peut dire, puisque le livre est bien antérieur) le mythe de la lutte éternelle du bien contre le mal, la puissance de la volonté, même incarnée dans l'être le plus faible qui soit, la création de mondes infernaux ou divins. Du second, il possède la poésie, la féerie, les images somptueuses, la beauté irréelle d'un Eden d'avant la Chute.  
 
 Ce serait pourtant réduire cette oeuvre de manière honteuse, que de la comparer, même en positif, à d'autres créations antérieures, tant elle possède de génie propre, de richesses intrinsèques. L'esprit, l'œil, l'oreille, le cœur, sont constamment sollicités de façon magistrale. L'histoire est étonnamment riche, complexe, luxuriante. Le mystère est constant. L'invention la plus folle surgit à chaque détour du chemin. Le merveilleux, la magie, l'épique, le grandiose se partagent chacun une part de ce gâteau, sans que jamais l'un prenne le pas sur l'autre. Peter Jackson sait établir ici un équilibre quasiment parfait entre les plages de calme, de beauté, de romantisme et les séquences d'action qui n'écrasent jamais le récit, n'occultent jamais la richesse intérieure des personnages, leurs doutes, leurs hésitations, leurs déchirements. On ne sait ce qu'il faut le plus admirer : les décors somptueux et impressionnants (les mines de la Moria, la demeure des Elfes, celle de Saroumane (Christopher Lee), le passage de la montagne...) ; les personnages oscillant entre la beauté pure : Legolas, Galadriel (Cate Blanchett) ou Arwen (Liv Tyler) et la hideur : ceux qui servent le "côté obscur de la force"; la quête éperdue de la rédemption, de l'anéantissement du mal ; la réalisation esthétique des Orques, créatures monstrueuses (Elfes jadis torturés par les forces de l'ombre) et autres Balrog ; la mise en images, qui épouse avec art l'intimité, la grandeur, le fantastique de chaque scène... Tout est enchantement, surnaturel, émotion, et, miracle non négligeable, l'intégralité de ce monde inventé parvient à exister avec une telle densité, une telle vraisemblance, que l'on oublierait quasiment qu'il est sorti tout droit de l'imaginaire d'un homme. Même si l'invention n'est bien sûr pas absolue. La mythologie grecque, l'Anneau des Nibelungen, dont Wagner composa quatre opéras magistraux, ne sont certainement pas étrangers à l'inspiration de Tolkien. Ils sont partie intégrante de la subconscience collective de l'humanité. 
 
 Une première partie magistrale, scandée par la très belle musique de Howard Shore. Tour à tour intime, spectaculaire, sensible, lyrique, inquiétant... Une réussite majeure qui fera certainement rêver plusieurs générations...
   
Bernard Sellier