Complots, film de Richard Donner, commentaire

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Complots,
     (Conspiracy theory),     1997, 
 
de : Richard  Donner, 
 
  avec : Julia Roberts, Mel Gibson, Patrick Stewart, Cylk Cozart, Steve Kahan, 
 
Musique : Carter Burwell


 
Jerry Fletcher (Mel Gibson) est un chauffeur de taxi particulièrement extraverti. Il développe à chacun de ses clients des théories plus ou moins fumeuses sur les dessous de la politique, de la santé, de la vie quotidienne, avec la ferme conviction que tout est complot organisé. Il assiège régulièrement le bureau d'Alice Sutton (Julia Roberts), employée au Ministère de la justice, afin de la persuader de la réalité de ses dires. Un jour, il est kidnappé par des inconnus qui tentent de lui faire avouer quels renseignements il a transmis. Il s'échappe et comprend alors que, sans le savoir, il a mis le doigt sur un secret dangereux... 
 
 Entre "L'Arme fatale 3" et "L'Arme fatale 4", juste après le sympathique "Maverick", Richard Donner retrouve son acteur fétiche dans un thriller mâtiné de romance. Le personnage de Jerry, dans lequel Mel Gibson peut donner libre cours à son tempérament cabotin, n'est pas si éloigné que cela du Martin Riggs dépressif, toujours à la limite du pétage de plombs. Il est ici un logorrhéique chronique, incapable de maîtriser les centaines d'idées qui tournoient dans son cerveau, un obsédé de la persécution qui ferme son réfrigérateur avec un cadenas et sa boîte de café avec un verrou à code ! Si on accepte le postulat que toute cette construction est avant tout un divertissement, on ne peut que se laisser emporter par la paranoïa débordante et hallucinée de ce taximan pour le moins original. Cette histoire de robot déshumanisé, manipulé, métamorphosé en machine à tuer n'est pas d'une originalité folle. Mais le réalisateur a l'expérience des constructions béton, des rythmes frénétiques, des habiles façonnements, et l'ensemble : couple vedette, suspense, caractérisation des protagonistes, scénario ( même si l'enjeu de base demeure assez nébuleux ), fonctionne bien. Mieux, en tout cas, que dans "l'affaire Pélican" par exemple, dont la trame était souvent relâchée. Julia Roberts reprend le rôle de la fragile victime, inconsciente de ce qui se trame dans l'ombre autour d'elle. Richard Donner oscille d'un bout à l'autre entre sérieux et légèreté, entre drame et sentimentalité, s'offre quelques petites pointes d'ironie (Oliver Stone est un désinformateur au service des services secrets !), et s'amuse à faire entrer Jerry dans un cinéma où est projeté "Ladyhawke", le très beau film qu'il avait tourné douze ans plus tôt... 
 
 Efficace et récréatif.
   
Bernard Sellier