Crash, film de David Cronenberg, commentaire

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Crash,
     1996, 
 
de : David  Cronenberg, 
 
  avec : James Spader, Holly Hunter, Elias Koteas, Deborah Unger, Rosanna Arquette,
 
Musique : Howard Shore

  
 
James Ballard (c'est le personnage principal, mais aussi l'auteur de la nouvelle qui a donné naissance au film) (James Spader) est producteur de films publicitaires, marié à Catherine (Deborah Unger). Il provoque un accident dans lequel le docteur Helen Remington (Holly Hunter) est blessée. A l'hôpital, il fait la connaissance de Vaughan (Elias Koteas) qui prend son pied en organisant des reconstitutions d'accidents célèbres, celui de James Dean, par exemple, ainsi que de son amie Gabrielle (Rosanna Arquette) munie de prothèses. Les couples se font et se défont au milieu des carcasses de véhicules...  
 
 David Cronenberg est un passionné de la dissection et des mutations. Celles de Johnny Smith (Christopher Walken) dans "The dead zone", celles de Seth Brundle (Jeff Goldblum) dans "La Mouche", celles de Elliott Mantle (Jeremy Irons) dans "Faux-semblants". Dans toutes ces oeuvres, on assistait, soit dans le domaine physique, soit dans le domaine psychique, à un jeu de transformations passionnant et envoûtant. 
 
 La vie et l'âme-personnalité humaine sont emplies de mystères insondables. Et de pathologies multiples. Voilà un film qui a obtenu le Prix spécial du jury à Cannes en 1996 ! Sans doute est-ce pour célébrer l'originalité de la débilité mentale qui atteint l'ensemble des personnages. Car, effectivement, il faut reconnaître qu'il fallait y penser ! Les fantasmes font partie intégrante de notre vie psychique et sont indispensables à notre existence. Certains sortent de l'ordinaire. Mais arriver à jouir du fantasme des tôles froissées et des accidents de voiture, ça demande quand même une sacrée dose de déliquescence des neurones ! Et construire tout un film là-dessus, au moins autant. Le spectateur subit donc durant une heure et demie les jouissances (enfin, si l'on peut dire !) des pantins sexués qui promènent leur délire d'une caisse à une autre en se mélangeant. Il y aura donc James et Catherine, James et Helen, Catherine et Vaughan, James et Vaughan, Catherine et Helen... j'en oublie peut-être. Il faut dire que pour entrer dans ce type de pathologie, il est nécessaire qu'une résonance existe. Et là, j'avoue humblement que ce type de plaisir-là n'est pas vraiment ma tasse de thé ! 
 
 Je ne parle même pas du fond, plus que douteux, qui transforme, selon les propres termes de Vaughan, un accident en "oeuvre d'art, permettant la libération et l'exacerbation de l'énergie sexuelle". Quelle tristesse que tous les handicapés de la route n'aient pas connaissance de cette suprême jouissance et de la chance extrême qu'ils ont eue d'être accidentés ! Leur vie en serait sans nul doute illuminée ! 
 
  Je me souviens toujours du commentaire paru dans "les Années laser" sur cette oeuvre : "un film adulte et intelligent" ! Deux qualificatifs qui méritent le détour ! Si être adulte, c'est assumer toutes les dérives qui naissent dans notre imaginaire, alors, pourquoi pas. En revanche, le mot "intelligent" me laisse plus que perplexe ! Il vient du latin "intelligere", qui signifie comprendre. Et j'avoue que là, je ne comprends justement pas. Pendant tout le défilé de ces images noires de chez noir, avec quelques éclairs de chair par-ci par-là, devant les gestes mécaniques de ces fantômes qui tiennent plus du zombie déjanté que de l'humain, ce que j'ai ressenti, au-delà de la compassion pour des êtres qui n'ont que des épaves de tôles pour éclairer leur vie, et dont les visages ne reflètent pas vraiment l'épanouissement, c'est surtout un incommensurable ennui !
   
Bernard Sellier