La Mouche, (The Fly), film de David Cronenberg, commentaire

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La mouche,
     (The  fly),      1986, 
 
de : David  Cronenberg, 
 
  avec : Geena Davis, Jeff Goldblum, John Getz, Leslie Carlson, David Cronenberg, George Chuvalo,
 
Musique : Howard Shore

   
 
Au cours d'une soirée organisée par la firme pour laquelle il travaille, un jeune et brillant physicien, Seth Brundle (Jeff Goldblum), fait la connaissance de Veronica Quaife (Geena Davis), une journaliste. Il l'emmène dans son appartement-atelier, et lui fait découvrir les appareils de téléportation sur lesquels il travaille en secret depuis plusieurs années. Pour l'instant, ses réussites expérimentales ne concernent que les objets. Mais son rêve est, bien sûr, de téléporter des êtres vivants. Le premier essai, avec un singe, se révèle catastrophique. Mais bientôt, le succès est là. Une nuit, déprimé par l'absence de Veronica, il décide de tenter l'expérience sur lui-même. Tout se déroule apparemment sans anicroche... 
 
 Après quelques créations du genre "Frissons" et "Rage", qui tenaient encore du petit film gore primaire et fauché, David Cronenberg passe à la vitesse supérieure, si l'on peut dire, avec "Dead Zone" et tois ans plus tard avec cette célèbre "Mouche" devenue culte. Dans le drame de John Smith, le réalisateur explorait l'univers mental métamorphosé d'un humain physiquement "normal". Dans le cas de Seth, il explore celui d'un être totalement transfiguré matériellement. Le sujet qui, sur le papier, n'aurait pas laissé augurer grand chose de bon, se révèle au final une parabole profondément poignante sur les dangers de l'expérimentation scientifique aveugle. Et, surtout, ce qui ne semblait pas acquis non plus, une tragédie humaine qui modernise, avec une efficacité et une intensité bouleversantes, le mythe de "La Belle et la Bête", sans jamais sombrer dans le ridicule. Le mérite en revient en grande partie au réalisateur, qui réussit l'exploit de rendre aussi spectaculaire que crédible la transfiguration physique et psychique de son personnage. Mais aussi à Jeff Goldblum dont l'humour désespéré et la conscience de son amour déliquescent demeurent inoubliables, sans omettre la performance du maquilleur qui, bien avant l'arrivée des effets spéciaux numériques, a réussi un tour de force exceptionnel. Tout dans cette oeuvre prouve qu'il n'est nul besoin de scénarios alambiqués, de déferlements de sauvageries, de cataractes d'événements spectaculaires, pour donner naissance à un drame fantastique tétanisant.
   
Bernard Sellier