De rouille et d'os, film de Jacques Audiard, commentaire

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De rouille et d'os,
      2005, 
 
de : Jacques  Audiard, 
 
  avec : Marion Cotillard, Mathias Schoenaerts, Céline Sallette, Corinne Masiero, Bouli Lanners, Armand Verdure,
 
Musique : Alexandre Desplat


 
Alain van Versch (Mathias Schoenaerts), accompagné de son jeune fils Sam (Armand Verdure), arrivent sur la Côte d'Azur. Alain loge chez sa soeur, Anna (Corinne Masiero), et fait la connaissance d'une jeune femme, Stephanie (Marion Cotillard). Celle-ci, dresseuse d'orques à Marineland, est grièvement blessée au cours d'un spectacle. Amputée des deux jambes, elle réapprend à vivre en compagnie d'Alain... 
 
 Jacques Audiard est manifestement attiré par les personnalités dotées de caractéristiques marginales ( la surdité : "Sur mes lèvres" ; la brutalité agressive : "De battre mon coeur s'est arrêté" ; la délinquance et la violence : "Un prophète" ). Et c'est un euphémisme de dire que sa vision de la vie n'est pas rose bonbon ! La première heure de cette nouvelle oeuvre, presque unanimement saluée par la critique, ne trahit pas la thématique sombre de l'auteur. Des personnages quasiment mutiques, introvertis à 120%, avec un personnage masculin primaire de chez primaire, qui ne s'exprime que par la violence. Des échanges ( c'est un bien grand mot ! ) humains qui se résument à quelques vociférations ou murmures... Et, surtout, un déficit presque absolu d'expressivité émotionnelle ( quelques minutes font exception lors de la rééducation de Stéphanie )... L'envie de jeter l'éponge se manifeste, à plusieurs reprises, d'abandonner ( lâchement ! ) ces personnages qui n'ont rien à dire, rien à transmettre, se débattre dans un scénario mortifère à souhait. 
 
 Lorsqu'un commencement de relation se profile entre Alain et Stéphanie, on espère que des bulles de sensibilité, de sentiments, en un mot d'humanité, vont enfin parvenir à émerger du no man's land qui prévalait jusqu'alors. Il serait évidemment injuste de dire que, dans ce registre, c'est le néant absolu. Quelques instants, d'autant plus précieux qu'ils sont rarissimes (le face à face avec l'orque, par exemple), touchent le coeur. Mais, visiblement, Jacques Audiard se complaît dans l'observation brute, au sein d'un contexte narratif minimaliste, de personnalités aux instincts primaires, d'êtres aux capacités de communication hyper restreintes, et cela, sans chercher à compenser ces états rebutants par une quelconque expressivité artistique. À l'évidence, nombre de spectateurs apprécient cette approche. Ce n'est pas vraiment notre cas...
   
Bernard Sellier