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Donnie Darko,
     2001, 
 
de : Richard  Kelly, 
 
  avec : Jake Gyllenhaal, Holmes Osborne, Mary McDonnell, Drew Barrymore, Katharine Ross, Maggie Gyllenhaal, Patrick Swayze,
 
Musique : Michael Andrews

   
   
Donnie Darko (Jake Gyllenhaal), est un enfant aimé de ses parents, Eddie (Holmes Osborne) et Rosr (Mary McDonnell), mais pour le moins bizarre. Somnambule, il lui arrive de se réveiller, au petit matin, au milieu d'une route heureusement déserte, à côté de son vélo ! Il est suivi par une thérapeute, Lilian Thurman (Katharine Ross), mais l'amélioration n'est pas spectaculaire... Un jour, Donnie perçoit un personnage à dégaine le lapin gris foncé (bof !), qui lui annonce la fin du monde pour très bientôt (28 jours, 6h, 42' et 12", précisément !). Peu après, il échappe de peu à la cute d'un réacteur d'avion dans sa chambre... 
 
   Vague cousin germain au troisième degré de "Sixième sens" ou de "L'échelle de Jacob", avec une incursion dans l'espace-temps de "L'effet papillon", ce film flirte avec le non-sens, tout en conservant en permanence un ancrage dans la matière bien réelle. Jake Gyllenhaal, le regard presque constamment perdu dans un no man's land inaccessible au commun des mortels, se révèle en parfaite adéquation avec cet adolescent lunaire et déphasé. Au fil des péripéties de sa vie quotidienne chamboulée (elle le serait à moins !), on se prend à vouloir le suivre dans l'univers parallèle auquel il semble avoir un accès partiel (lapin d'Alice au Pays des Merveilles oblige !). D'autant plus que le scénario navigue à l'inspiration du moment, sans qu'un fil conducteur clair se révèle. C'est ainsi que l'on passe d'instants forts, que l'on suppose signifiants, à des séquences de farce dont on perçoit mal l'intérêt (un coup de hache dans une statue de bronze). Il en est de même pour les personnages. Tandis que certains pourraient être effacés d'un coup de gomme sans que cela influe beaucoup sur la trame (Le professeur Karen Pomeroy (Drew Barrymore), par exemple), d'autres voient leur importance enfler (Roberta Sparrow, "grand-mère la mort" (Patience Cleveland)) tout en demeurant virtuelle. Bizarre, bizarre. Ou bien au contraire normal, direz-vous, puisque nous nageons dans les eaux troubles de l'inconscient individuel ou collectif. Beaucoup de thèmes mode sont abordés, verbalement : le libre-arbitre, la possibilité de voyager dans le temps, un plan de Dieu supposé, le guidage d'un ange-gardien...  
 
   Lorsque le film se clôt, la perplexité ne fait que croître ! Est-ce l'heure tardive, une fatigue des neurones, toujours est-il que je n'ai pas compris grand-chose à l'évolution interne de cette oeuvre en forme de poisson qui se mord la queue. Bien sûr, la logique n'est pas la qualité première qui doit transpirer de ce type d'exploration psycho-temporelle. En revanche, ce qui est plus gênant, est cette espèce de détachement permanent, d'arasement général, qui provoque, au bout d'un moment, un désintérêt pour les événements anarchiques qui affectent le brave garçon. Là où Eric Bress & J. Mackye Gruber, dans "L'effet papillon", induisaient une accélération et une expansion émotionnelles au fur et à mesure que le drame se tortillait sur lui-même, Richard Kelly conserve son cheminement tranquille, mi-sérieux, mi-pantalonnade. Quelques sympathiques moments sensibles (avec la jeune Gretchen Ross (Jena Malone)), une pléthore de sujets de réflexion, mais un ensemble qui ne débouche pas sur grand-chose, dont nombre d'éléments semblent inaboutis, et qui sent tout de même beaucoup l'arbitraire autant que le superficiel. 
 
   À noter, tout de même, que ce film est classé (à ce jour) 97ème meilleure œuvre de tous les temps sur le site IMDB ! Incompréhensible ! (Pour mon petit cerveau limité, bien sûr !)...
   
Bernard Sellier