L'échelle de Jacob, film de Adrian Lyne, commentaire

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L'échelle de Jacob,
       (Jacob's Ladder),     1990, 
 
de : Adrian  Lyne, 
 
  avec : Tim Robbins, Danny Aiello, Elizabeth Peña, Matt Craven, Pruitt Taylor Vince, Ving Rhames,
 
Musique : Maurice Jarre

 
   
6 Octobre 1971. Jacob Singer (Tim Robbins) est soldat au Vietnam. En compagnie de plusieurs camarades, Paul (Pruitt Taylor Vince), Geary (Jason Alexander), il participe à une opération qui se solde par un massacre. Mais tout est flou dans le souvenir de cette journée. Jacob a été blessé d'un coup de baïonnette à l'abdomen. Il retrouve aux Etats-Unis sa compagne, Jezebel (Elizabeth Peña), mais souffre continuellement de cauchemars horribles où des monstres tentent de le tuer. Il finit par penser qu'une drogue utilisée pendant la guerre est la cause de ces troubles. Plusieurs de ses camarades ont les mêmes expériences... 
 
  Entre "Neuf semaines et demie", "Liaison fatale", et "Proposition indécente" ou "Infidèle", cette œuvre représente vraiment un hiatus dans la carrière érotico-sensuelle d'Adrian Lyne. Une incursion étonnante et passionnante dans un monde onirique où les repères ont disparu, où la souffrance est permanente et la mort à chaque détour du mental. Difficile de parler de cette histoire sans dévoiler l'ultime secret qui fait basculer le spectateur dans une réalité venant brusquement illuminer les méandres noirs et cauchemardesques qui émaillaient les jours de Jacob. Toute la trame repose sur un assemblage apparemment disparate de pièces psychédéliques d'un puzzle fou, qui échappe aussi bien au personnage de Jacob, qu'au spectateur. Les décors sont à l'image de l'esprit malade du héros, oscillant entre le désertique et le sordide, bâtiments délabrés, espaces menaçants. Aucune logique ne semble présider à ce retour à la vie qui ressemble plutôt à une descente aux enfers.  
 
  Tim Robbins est étonnant dans le personnage traumatisé de Jacob, qui n'est en fait que l'archétype des "Rambo" et autres Ron Kovic ("Né un 4 juillet"), pour lesquels cette hideuse expédition vietnamienne n'aura été que l'antichambre d'un monde infernal.  
 
  Une fois la dernière image envolée, le spectateur, bouleversé, comprend que toute ce drame n'a été, finalement, que l'illustration d'une phrase, citation de Maître Eckart, prononcée par Louis (Danny Aiello), l'ostéopathe mystique ami de Jacob :  
 
  "La seule chose qui brûle en enfer, c'est la part de soi qui s'accroche à la vie ; si on a peur de la mort, on voit des démons qui t'arrachent à la vie ; si tu n'as plus peur, ils se transforment en anges qui te libèrent du poids de la terre"... 
 
  Une grande réussite fantastique.
   
Bernard Sellier