Elite, saison 1, série de Dario Madrona, commentaire

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Elite,
      Saison 1,      2018 
 
de : Dario  Madrona..., 
 
avec : Etzan Escamilla, Miguel Bernardeau, Aron Piper, Omar Ayuso, Mina el Hammani, Jaime Lorento, Maria Pedraza, Miguel Herran,
 
Musique : Lucas Vidal


 
Saison 2     Saison 3

 
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Leur lycée s'étant effondré, trois jeunes issus de classes populaires, Samuel (Itzan Escamilla), Nadia (Mina El Hammani) et Christian (Miguel Herran), obtiennent une bourse pour intégrer le prestigieux lycée Las Encinas. Mais ils ne sont pas franchement bien accueillis par tous les nantis qui y règnent en maîtres. Guzman Nunier (Miguel Bernardeau), fils de l'architecte qui a bâti le lycée détruit, se montre particulièrement agressif envers les nouveaux arrivants... 
 
 Une mort tragique qui nous est annoncée dès le premier épisode, une remontée dans le temps pour comprendre le pourquoi du comment, des agressivités en pagaille, des alliances qui se nouent et se brisent... Cela ressemble diablement au poignant "13 reasons why". A l'intérieur de ce microcosme où la cruauté côtoie la pureté, nous trouvons toutes les représentations des principaux types humains : l'agressif manipulateur (Guzman), le rigolo de service (Christian), le voyou bagarreur (Nano), l'aristo vicieuse (Carla), le sportif en quête d'identité (Ander), le beau gosse sensible (Samuel), la princesse fragile (Marina), le voyeur perturbé (Polo), la salope assumée (Lucrezia)... Toutes ces individualités se frôlent, s'agressent, se fondent, s'étudient, se jalousent dans une vertigineuse valse mortifère. Mais, heureusement, la perméabilité entre ces deux mondes rivaux est effective et les interactions plus ou moins conscientes ne vont pas tarder à chambouler les rapports de force. Ce qui est particulièrement riche et captivant dans cette première saison, c'est le fait que les analyses psycho-sociologiques, intenses et addictives, se doublent d'une intrigue criminelle qui ne l'est pas moins. On connaîtra bien sûr, à la fin de la saison, le coupable, mais ce n'est alors qu'un nouveau point de départ vers une suite que l'on attend avec impatience. 
 
 La douzaine de personnalités qui occupe le premier plan est suivie par le récit avec un équilibre quasiment parfait. Et, ce qui n'est pas moins remarquable, c'est que chacune de ces individualités accroche le spectateur par sa pertinence, sa justesse et ses qualités évolutives. Car, hormis peut-être Carla et Lucrezia, qui ne quittent guère leurs positions originelles, tous les autres personnages voient leurs valeurs, leurs certitudes, leurs acquis bouleversés de manière plus ou moins radicale. Et, au milieu de ce microcosme fascinant, se détachent trois figures inoubliables : Guzman, qui,progressivement, quitte la superficialité agressive par la puissance de l'amour, Nadia, qui découvre sa force intérieure et brise le couvercle du cercueil étouffant du rigorisme religieux, ainsi que, bien sûr, la craquante Marina, dont les traumatismes passés et les contraintes présentes ont raison de sa fragilité naturelle. Quant à l'étude sociale, elle est tout aussi aboutie. Chacun dans leur sphère, Carla et Nano représentent l'archétype parfait du monde qui les a vus grandir, Christian faisant office de pont susceptible de créer une communication utopique, dans son désir irrépressible d'entrer par tous les moyens dans l'univers du paraître, du luxe et de la notoriété. Mais le cocon des riches bourgeois, mafieux qui plus est, est soigneusement cadenassé et sait retenir ses membres tout en se protégeant des intrus. Et les habitudes de la délinquance collent elles aussi à la peau comme une glu indétachable... 
 
 Une réussite de tout premier ordre.
   
Bernard Sellier