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L'empire contre-attaque,
      (The Empire Strikes Back, Star wars V),       1980, 
 
de : Irvin  Kershner, 
 
  avec : Harrison Ford, Mark Hamill, Alec Guiness, Carrie Fisher, David Prowse,
 
Musique : John Williams

  
   
La première "étoile de la mort" a été détruite par la Rébellion à la fin de "La Guerre des étoiles". Mais la base qui l'abritait a été rasée par les soldats de l'Empire et les amis de Luke Skywalker (Mark Hamill), ont dû fuir. Présentement, ils se sont réfugiés sur un astre glaciaire, Hoth. Darth Vader (David Prowse) envoie des sondes dans toutes les directions à la recherche de ses ennemis. L'une d'elles repère la base rebelle et une nouvelle bataille s'engage. Han Solo (Harrison Ford) emmène la Princesse Leia (Carrie Fisher) à bord de son MIllenium Condor, tandis qu'en secret, Luke part dans le système Dagoba à la recherche du maître formateur des Jedi, Yoda... 
 
   Après les préliminaires basiques de l'épisode IV, nous entrons dans le vif du sujet. Le jeune pilote un peu fou qu'était Luke prend le chemin de la difficile initiation des Jedi. Cette élévation du thème général de l'histoire permet au film de quitter le niveau "jeu video", de gagner en intensité dramatique, en émotion, tout en conservant une invention permanente dans les décors (qu'ils soient de glace ou de marais) et une efficacité rythmique d'excellente facture. Les personnages qui n'étaient, précédemment, que des marionnettes, s'épaississent quelque peu, gagnent en humanité ou, tout au moins, en crédibilité. L'humour se fait toujours présent, tant dans le personnage de Han Solo, grand "vaurien" prétentieux, macho, infatué de son irrésistible charme, que dans ceux des robots qui savent divertir sans assommer. Il y a bien sûr dans les premiers volets de cette saga, beaucoup moins de prétentions que dans celle du "Seigneur des anneaux". Nous demeurons ici constamment à un niveau élémentaire, aussi bien dans le scénario que dans son traitement visuel. Mais, en contrepartie, il y a infiniment plus d'humanisme que dans le cycle de Tolkien, tout au moins dans sa version cinématographique. J'ignore ce qu'il en est dans le livre original que je n'ai jamais lu. Nous sommes ici plongés dans les souffrances intimes, familiales, dans ce que l'arbre généalogique a de plus oppressif. A posteriori, les trois oeuvres de Peter Jackson laissent une étrange impression de personnages hors de notre monde physique. Bien sûr, et heureusement d'ailleurs, Frodon apporte, dans ses relations avec son ami Sam, une part de fibre humaine. C'est en partie cette complexification de leurs rapports qui fait du dernier volet, "Le Retour du Roi" une grande réussite sur tous les plans. Mais pour ce qui est des autres intervenants, l'abstraction n'est pas loin. Ici, c'est l'inverse. Les héros paraissent étonnamment proches de nous par leurs tempéraments et leurs émotions. Beaucoup plus, en tout cas, qu'un éthérique Legolas ou une angélique Galadriel ! 
 
   Le succès universel de la première trilogie "Star wars", pourtant simpliste, tient probablement, pour une part, à son art de faire descendre, dans une aventure intemporelle et particulièrement dynamique, des thèmes aussi abstraits, ésotériques, que l'acquisition du pouvoir, l'approche de l'Initiation, la responsabilité de celui qui possède la connaissance. Que l'on en soit conscient ou non, notre être profond est imprégné par tous les mythes, archétypes, qui sillonnent l'éther depuis des millénaires. Et si Yoda peut, esthétiquement, surprendre au premier abord, pour un Maître, il compose une synthèse du professeur et de l'Initié inoubliable.
   
Bernard Sellier