Fatale, film de Deon Turner, commentaire

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Fatale,
       2020, 
 
de : Deon  Taylor, 
 
  avec : Hilary Swank, Michael Ealy, Mike Colter, Tyrin Turner, Damaris Lewis, Danny Pino,
 
Musique : Geoff Zanelli


  
Ne pas lire avant d'avoir vu le film...
 

 
Derrick Tyler (Michael Ealy) et son associé Rafe Grimes (Mike Colter), anciens sportifs, ont créé à Seattle une boîte de sponsoring qui fonctionne très bien. Au cours d'une courte virée des deux amis à Las Vegas, Derrick passe la nuit avec une inconnue, Valérie (Hilary Swank). Quelques jours plus tard, un inconnu armé pénètre dans la demeure de Derrick, qui est blessé au cours du combat. Lorsque la police arrive, il a la stupéfaction de reconnaître dans la responsable de l'enquête, la lieutenante Valérie Quinlan...
 
 Lorsqu'on lit le titre du film et le pitch, il est impossible de ne pas voir se précipiter dans la mémoire l'oeuvre éponyme de Louis Malle, sortie en 1992, ou encore le sanglant «Liaison fatale», qui voyait le «malheureux» Michael Douglas souffrir les délires pathologiques de la volcanique Glenn Close. Cette petite création de Netflix ne ressemble pourtant ni à l'un ni à l'autre. C'est en fait de l'oeuvre d'Hitchcock inspirée du roman de Patricia Highsmith, «L'inconnu du Nord Express», que le développement de cette histoire se rapproche le plus. La ressemblance s'arrête évidemment là, car le scénario et la réalisation de ce modeste thriller ne concourent pas dans la même catégorie. Le drame vécu par Derrick est construit avec professionalisme, mais ne s'élève jamais au-dessus d'un téléfilm de qualité moyenne. Lorsque les premières scènes apparaissent, deux réactions spontanées surviennent. La première est : comment peut-on choisir comme personnage principal d'un film un acteur aussi peu charismatique ? La seconde concerne les images, souvent laiteuses, surexposées, franchement laides parfois, au point que l'on peut se demander si le téléviseur ne s'est pas soudain déréglé. C'est d'autant plus étonnant que tous les films récents, même s'il s'agit de modestes productions, affichent des couleurs pimpantes et des décors visuellement somptueux. Cette esthétique disgracieuse ne s'arrange pas avec le déroulement du film, ce qui n'est pas le cas, heureusement, de la première réserve émise. Car au fur et à mesure que les rebondissements se mettent en place et que Derrick s'enfonce progressivement dans les sables mouvants, il manifeste une expressivité émotionnelle qui compense en grande partie son déficit de charisme naturel. Un autre aspect positif réside dans l'incarnation que donne Hilary Swank de cette sociopathe dangereuse. Là où il était possible de craindre les pires déchaînements physiques ou psychologiques, nous découvrons une jeune femme traumatisée, qui sombre certes dans les délires criminels, mais le fait avec sobriété et maîtrise dans ses débordements. Un tout petit 4 étoiles, mais pas déshonorant.
   
Bernard Sellier