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Forsaken,
     2015, 
 
de : Jon  Cassar, 
 
  avec : Kiefer Sutherland, Donald Sutherland, Demi Moore, Aaron Poole, Lex Cassar, Michael Wincott, Brian Cox,
 
Musique : Jonathan Goldsmith

   
   
John Henry Clayton (Kiefer Sutherland) revient dans sa ville natale de Fowler city au bout de dix ans. Il y retrouve son père, le révérend William (Donald Sutherland), guère enthousiasmé par la réapparition de celui qui est considéré comme un tueur. La ville est sous la coupe de James McMurdy (Brian Cox), qui cherche par tous les moyens à s'approprier les terres des paysans, car le chemin de fer arrive bientôt... 
 
   Jon Cassar, uniquement connu jusqu'alors comme réalisateur de séries télévisées, retrouve ici l'acteur fétiche de "24 heures" pour une resucée de l'ouest américain de la grande époque, avec ses colts, ses chevauchées, son saloon, tout cela dans un western très classique. Mais classique ne signifie pas forcément désuet ou ennuyeux. Contrairement aux variations grandiloquentes et artificiellement spectaculaires de Quentin Tarentino ("8 salopards"), le réalisateur installe son histoire au plus près des personnages, avec lenteur, sobriété dramatique et un désir d'authenticité qui établissent dès l'ouverture un climat intimiste aussi intense que profondément humain. C'est un plaisir rare de retrouver face à face le père et le fils qui ont rarement été opposés à l'écran dans une telle confrontation, celle-ci n'étant pas, paraît-il aussi arbitraire qu'on pourrait le supposer. 
 
   Il est certain que l'intrigue est très (trop, estimeront peut-être certains) linéaire. Comme dans toute tragédie antique qui se respecte, unité de temps, de lieu et d'action sont scrupuleusement respectés. Le John Henry initial évoque, par son attitude délibérément pacifiste, le James McKay des "Grands espaces". Mais le spectateur n'a évidemment aucun mal à prévoir que tôt ou tard, le volcan explosera. Ce qui ne manque pas de se produire. Mais là n'est pas l'intérêt primordial du film, même si les règlements de compte sont amenés avec intelligence et se montrent judicieusement sobres. Ce que l'on retire de cette oeuvre agréablement anachronique dans un univers cinématographique où le western se fait très rare, ce sont les relations intimes des personnages ainsi que la soif de rédemption, et surtout d'acceptation, d'un homme meurtri par ses actes, rejeté par son père. Anecdotiquement, il est également agréable de redécouvrir une Demi Moore qui, elle aussi, se montre parcimonieuse dans ses apparitions...
   
Bernard Sellier