La nouvelle affectation de Martin (Javier Gutiérrez) consiste à transférer de nuit une demi-douzaine de prisonniers en compagnie de Montesinos (Isak Férriz), le coéquipier qui lui a été adjoint. Parmi eux, Ramis (Lluis Callejo), Rei (Édgar Vittorino), Nano (Patrick Criado) ainsi qu'un mafieux roumain. Mais le transport ne se passe pas comme prévu...
Étrange film ! Il débute comme un quasi documentaire, avec la préparation minutieuse du transfert des prisonniers, la fouille, les altercations plus ou moins violentes, l'embarquement. Puis l'embuscade survient et l'histoire semble quitter le réalisme pour plonger dans une fiction dont on comprend assez mal les tenants et les aboutissants. Une herse crève-pneus immobilise le fourgon blindé, puis rien ne se passe durant un long moment. Le spectateur se demande quels peuvent être les buts du ou des responsables, mais la réponse tarde à venir. Le côté vraisemblance a pris du plomb dans l'aile. Tandis que la révolte gronde à l'intérieur du véhicule, le personnage à l'origine de l'attaque change tranquillement le pneu éclaté. Un seul, alors qu'il est presque impossible qu'il n'y en ait pas eu au moins trois ou quatre d'explosés ! Bizarre, déroutant. Le scénario ne fournit aucune information psychologique sur les personnages et, choix pour le moins étrange, la seule explication de tout ce drame, qui est donnée par Miguel Garcia (Karra Elejalde), arrive au moment le plus improbable, alors qu'il est en train de tirer sur celui qui est la cible de son attaque. Tout comme c'était le cas pour le récent «Mother/Androïd», le scénariste-réalisateur clôture son œuvre par un effet émotionnel censé bouleverser le spectateur et de ce fait entériner la violence gratuite qui a émaillé son parcours. C'est le procédé passablement manipulateur et complaisant utilisé par tous les films de 'vengeance' depuis «Un justicier dans la ville» jusqu'au «Revenge» de Travolta en passant par le «Revenge» de Coralie Fargeat. De toute manière, l'ensemble paraît surtout maladroit, ce qui n'est guère surprenant puisque c'est seulement le deuxième long métrage de l'auteur. Un exemple parmi d'autres, qui est pourtant l'une des leçons de base de tout cinéaste : ne jamais commenter en paroles ce que voit le spectateur. Dans le cas présent, le fourgon s'arrête : 'on s'arrête' s'écrie l'un des personnages. Le fourgon repart : 'on repart' insiste un autre. De plus, la méthode utilisée par le père désespéré obéit à une logique pour le moins hasardeuse. Une création qui manque singulièrement d'une colonne vertébrale solide.