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L'interprète,
      (The interpreter),      2005, 
 
de : Sydney  Pollack, 
 
  avec : Nicole Kidman, Sean Penn, Catherine Keener, Yvan Attal, Jesper Christensen, Earl Cameron,
 
Musique : James Newton Howard

  
   
Edmond Zuwanie (Earl Cameron) dirige un Etat d'Afrique, le Matabo, d'une main de fer. Plusieurs nations souhaitent qu'il soit traduit devant un tribunal pénal international, pour génocide. Alors que Zuwanie vient de faire savoir au Conseil de Sécurité des Nations Unies qu'il se présenterait quelques jours plus tard pour exposer ses réformes démocratiques, Silvia Broome (Nicole Kidman), jeune interprète possédant la double nationalité Africaine et Américaine, entend, par hasard, quelques mots au sujet d'un projet d'assassinat du Chef d'Etat. Deux agents, Tobin Keller (Sean Penn) et Dot Woods (Catherine Keener), sont chargés d'enquêter sur l'information qu'elle a transmise. Tout n'est pas aussi simple qu'il y parait, puisque les parents de Silvia sont morts lorsqu'elle avait douze ans, leur voiture ayant sauté sur une des mines installées par Zuwanie. La jeune femme tente désespérément de joindre son ami Philippe (Yvan Attal), reporter photographe dont elle est sans nouvelles... 
 
   Sans être aussi éclectique que Ridley Scott, Sydney Pollack a cependant abordé un nombre impressionnant de genres : western ("Jeremiah Johnson"), fresques dramatiques et/ou romantiques ("Out of Africa", "Nos plus belles années"...), policiers-thrillers ("Yakuza", "Les 3 jours du Condor"), ou comédies psycho-dramatiques ("Tootsie"). Nombre de ses oeuvres ont marqué de leur empreinte le cinéma, et pourtant, même les plus renommées ne m'ont jamais transporté d'enthousiasme. Celle-ci ne changera pas la donne. Peut-être est-ce un excès d'attente, un inconscient désir du "plus encore", toujours est-il que de cette histoire, intrinsèquement passionnante, intelligente, sur la corruption du pouvoir et le drame des populations massacrées par des dirigeants ignobles, ne jaillit pas la virulence, l'incandescence, que l'on pourrait en attendre. Pourtant les éléments positifs ne manquent pas. Un tournage dans les locaux de l'ONU, qui pare l'ensemble d'une crédibilité évidente, deux acteurs hautement charismatiques, quelques séquences génératrices d'un suspense fiévreux, une machination à la trame suffisamment retorse pour capter l'attention jusqu'au finale ... Alors, d'où viennent cette insatisfaction chronique, cet intérêt mitigé ? Peut-être, parce que, malgré le talent de Nicole Kidman, les longs plaidoyers qu'elle développe semblent plus écrits que vécus. Peut-être parce que la confrontation finale entre Tobin et Silvia sent le formatage habile. De menus détail, sans doute, qui n'empêchent pas d'entrer dans la dramaturgie de la narration, mais ne permettent pas de s'investir profondément, viscéralement, dans cette oeuvre, qui, par de nombreux aspects formels, ressemble à beaucoup d'autres qui l'ont précédée.
   
Bernard Sellier